Le maire de l'arrondissement d'Anjou, Luis Miranda, et le conseiller municipal de Montréal, Marvin Rotrand, ont invité mercredi le ministre des Transports Robert Poëti, «à assurer un suivi rapide de la planification» en vue d'un prolongement de la ligne bleue du métro vers Anjou, à l'étude depuis un an.

Le maire Miranda a dit craindre, mercredi, que la publicité faite autour des problèmes de circulation entre Montréal et la Rive-Sud ne favorise l'implantation d'un train de type SLR sur le nouveau pont Champlain, en reléguant au deuxième rang les besoins de la population de l'est de la métropole, qui attend ce métro depuis 30 ans.

Même si aucun événement ni aucune déclaration récente ne lui ont donné à croire que le projet pourrait être compromis, M. Miranda a tenu à rappeler les promesses faites par le gouvernement du Québec dans les années 80, à ses commettants, d'abord, et à la population de Montréal-Nord ensuite. Un autre gouvernement a finalement décidé 10 ans plus tard de prolonger le métro vers Laval plutôt que dans l'est de Montréal.

«Je ne voudrais pas qu'on se retrouve encore deuxième et que le gouvernement se serve de l'urgence d'agir pour desservir encore en priorité le 450 et pas le 514. C'est de ça que j'ai peur», a dit le maire d'Anjou, joint par La Presse.

Pas de financement

Le conseiller municipal de Snowdon, Marvin Rotrand, vice-président du conseil de la Société de transport de Montréal, a pour sa part souligné qu'aucune somme n'a encore été prévue au Plan québécois sur les infrastructures (PQI) pour la réalisation du projet, dont le coût pourrait s'élever entre 1,5 et 2 milliards.

Les sommes inscrites, soit 27,8 millions, ne couvrent que le financement d'un bureau de projet, mis sur pied l'an dernier, pour réaliser des études préliminaires.

«Même s'il y a de l'argent disponible pour financer des études, on n'a jamais précisé, encore, comment on va financer le prolongement de la ligne bleue», a dit M. Rotrand. «Dans le meilleur des scénarios, si le gouvernement annonçait l'an prochain qu'on va de l'avant, le public n'aura pas accès aux cinq nouvelles stations prévues avant 2022».

Au cabinet du ministre Poëti et à l'Agence métropolitaine de transport (AMT), mercredi, on s'étonnait de cette sortie publique des deux élus montréalais, appuyée par Transports 2000 Québec, un regroupement d'usagers des transports collectifs qui appuie le projet de prolongement.

58 terrains sous réserve

Le projet, assure-t-on, de part et d'autre, suit son cheminement normal, en attendant le dépôt d'un dossier d'opportunité, prévu pour la fin de 2015, où l'AMT fera état des divers tracés et scénarios étudiés, et des premières estimations de coûts raisonnablement précises pour chacun de ceux-ci.

La semaine dernière, lors de l'étude des crédits de son ministère, le ministre Poëti a affirmé que son gouvernement «a l'intention de continuer, et de laisser le prolongement de la ligne bleue du métro au Plan québécois des infrastructures».

Le président de l'AMT, Nicolas Girard, a par ailleurs indiqué que le procureur général du Québec avait imposé des avis de réserve foncière sur 58 terrains et propriétés privés aux environs immédiats de la future ligne, pour éviter les impacts de la spéculation immobilière induite par l'arrivée du métro.

M. Girard a fait état de plusieurs mandats déjà attribués par le Bureau de projet pour des études environnementales et géotechniques (caractérisation des sols, etc.) et d'un appel d'offres public en cours pour la réalisation d'études sur les enjeux de développement urbain et immobilier autour de la future ligne. Le projet prévoit l'ajout de cinq nouvelles stations dans le prolongement de la ligne 5 actuelle, qui s'arrête au boulevard Saint-Michel.