Même si Martin Gregory ne faisait pas partie des milliers de Montréalais qui déménageaient mardi, il était fort occupé à arpenter les rues de la métropole, malgré la chaleur accablante.

Pour le jeune homme de 27 ans, qui se décrit lui-même comme un «récupérateur professionnel», le jour du déménagement au Québec est probablement la journée qui lui rapporte le plus dans l'année.

Mais il n'est pas le seul à fouiller dans les piles de matelas abandonnés, de divans et de vaisselle brisée à la recherche de trésors cachés.

«Il y a beaucoup plus de concurrence. Les gens savent que c'est une très bonne journée, explique-t-il. Et on ne peut jamais prédire à quel moment on trouvera quelque chose d'intéressant, un objet rétro ou une pièce de collection antique.»

La tradition du déménagement à date fixe au Québec remonte à 1750. Elle n'est plus exigée par la loi, mais de nombreux baux continuent de se terminer à la fin du mois de juin. Cette pratique fait du 1er juillet une journée très occupée et parfois chaotique à Montréal.

Aux côtés des camions de déménagement, les récupérateurs de métal patrouillent les rues à bord de leur camionnette, à la recherche d'appareils ménagers à l'abandon.

Hy Goldglass, qui travaille chez Recyclage Miller, dans l'arrondissement de Montréal-Nord, affirme que c'est l'une des journées les plus occupées de l'année.

La cour de ferraille où il apporte ses trouvailles récupère à peu près tout ce qui contient du métal: des réfrigérateurs, des fours, des barbecues, des lave-vaisselle.

«Les gens ne réalisent pas que ces objets ont une valeur, dit-il. Mais les récupérateurs de métal doivent ramasser beaucoup de choses pour faire de l'argent.»

M. Goldglass indique qu'il reçoit environ huit cents pour une livre d'acier, 50 cents pour une livre d'aluminium et 2,75 $ pour une livre de cuivre, un matériau très recherché.

Pour Martin Gregory, qui alimente un blogue intitulé «Things I find in the garbage» («Les choses que je trouve dans les poubelles»), les plus grands moments de joie surviennent quand il trouve un objet ayant une signification historique. Il se dit étonné par tout ce que les gens jettent.

«J'ai trouvé un passeport nazi allemand, daté de 1939, appartenant à un juif allemand, raconte-t-il. J'ai aussi trouvé des plaques d'identité de la Première Guerre mondiale appartenant à un lieutenant. J'aime ces choses parce qu'elles sont très intéressantes d'un point de vue historique.»

M. Gregory consacre environ dix heures par semaine à la recherche de trésors dans les rues de Montréal. Il passe beaucoup plus de temps à tenter de vendre ses trouvailles chez les prêteurs sur gages et sur le site eBay.

Mardi, alors que la température a presque atteint un record dans la métropole, il a réussi à trouver un bijou en or qu'il pense pouvoir vendre 35 $.

L'une de ses plus belles découvertes, une collection de disques en vinyle de propagande chinoise des années 1960, s'est vendue pour 250 $.

En une année, Martin Gregory estime gagner environ 8000 $ avec les objets récupérés qu'il vend, ce qui lui suffit pour subvenir à ses besoins sans avoir d'emploi rémunéré, en vivant dans un appartement qu'il partage avec des colocataires.

«Ce ne sera pas une bonne affaire pour toujours, affirme le jeune homme, qui joue les récupérateurs depuis environ un an et demi. Ce n'est pas un style de vie très riche, mais j'en ai assez pour survivre, payer la facture de téléphone et les choses de ce genre.»