Des employés paramédicaux s'apprêtent à exprimer leur ras-le-bol face à ce qu'ils décrivent comme une «grave pénurie de ressources ambulancières à Urgences-santé» à Montréal et à Laval.

À compter de minuit, dans la nuit de samedi à dimanche, ils entendent exercer un moyen de pression qui, selon eux, n'aura aucune incidence sur les patients.

Ils promettent de cesser de faire payer tout bénéficiaire à l'origine d'un «appel d'urgence vitale» dès qu'il s'écoulera plus de 15 minutes entre le coup de fil logé au 9-1-1 et l'arrivée d'une ambulance. Ils y voient une façon de nuire au recouvrement de l'argent dû à Urgences-santé.

Le porte-parole de la corporation, Benoit Garneau, assure que son équipe est prête à braver la tempête.

«Ça n'aura pas d'impact sur les services à la population.... Ce n'est pas nouveau. Ça a déjà été effectué dans le passé et on a toujours réussi à récupérer les fonds», a-t-il lancé sur un ton confiant.

Il reconnaît, toutefois, que «ça va augmenter la charge de travail du personnel de la facturation». Pour l'instant, il ne sait pas si de la main-d'oeuvre supplémentaire devra éventuellement être appelée en renfort pour offrir un coup de pouce aux employés de ce département. Il soutient que «ça va dépendre de la longueur de la période pendant laquelle ce moyen de pression sera exercé».

De son côté, le président du Syndicat du préhospitalier, Réjean Leclerc, dit que cette mesure sera maintenue tant et aussi longtemps que les décideurs d'Urgences-santé ne prendront pas les moyens nécessaires pour s'attaquer au «déficit des ressources ambulancières».

Il ajoute qu'il aurait aimé avoir l'occasion de discuter de cet enjeu avec l'autre camp à l'occasion d'une rencontre qui aurait normalement dû se tenir vendredi dernier. Or, ce rendez-vous n'a pas eu lieu.

«Ça a été annulé à la dernière minute parce que la direction n'est pas capable de déposer des propositions pour régler les choses donc ça bloque», a dénoncé M. Leclerc.

Sans grande surprise, le son de cloche diffère de l'autre côté de la clôture. «Nous avons été obligés de repousser la réunion. Nous avons proposé au syndicat de la reporter à la semaine prochaine parce qu'il y avait des validations à faire de notre côté», a rétorqué Benoit Garneau.

Réjean Leclerc peine à comprendre ce qui a bien pu provoquer ce contretemps, car il juge avoir mis cartes sur table depuis belle lurette.

Il persiste à croire que des postes à temps complet doivent être créés chez les employés paramédicaux pour couvrir adéquatement les besoins des territoires montréalais et lavallois et, surtout, pour faire face aux imprévus qui y surviennent régulièrement. Il juge qu'il serait nécessaire d'en ajouter une quarantaine.

M. Garneau indique pour sa part que «présentement, on consacre 92 pour cent du budget d'Urgences-santé aux ressources sur le terrain pour offrir des services directement à la population». Il affirme que l'ajout de 40 postes lui paraît «élevé».

Pour M. Leclerc, cet apport supplémentaire est indispensable, faute de quoi des vies continueront d'être menacées inutilement. Il mentionne qu'avec les ressources actuelles, @ses membres ne sont parfois plus capables de réagir, dans des délais raisonnables, à des cas aussi sérieux que des accidents routiers majeurs, des infarctus, des difficultés respiratoires graves, des allergies aiguës et des traumatismes liés à des blessures causés par des armes.

Il martèle que «si on laisse aller les choses, c'est sûr qu'il va arriver un événement malheureux».

«On joue avec le feu .... Quand on arrive 20 minutes, une demi-heure plus tard, il est certain qu'on hypothèque la condition médicale du patient», affirme-t-il, dépité.