De l'avis de nombreux cyclistes et de Pierre Lavoie lui-même, le Grand défi de cette année a été le plus difficile. Sur 1000 kilomètres de route, au moins 800 km se sont faits sous la pluie, dans le vent et le froid. À leur arrivée, au Stade olympique de Montréal dimanche après-midi, ils ont cette fois été accueillis par une pluie d'acclamation et un soleil radieux faisant rapidement oublier les souffrances des derniers jours.

Partis de La Baie, à Saguenay, jeudi, les quelque 1000 cyclistes ont déferlé dans les rues de Montréal peu avant 13 heures.

À l'intersection des boulevards Pie-IX et Pierre-de Coubertin, les cyclistes entamaient la dernière remontée du Défi avant d'être accueillis au Parc Olympique au rythme des tambours et de la musique.

Dans la foule, Lucie Béchard avec sa fille cherchait des yeux son mari Sylvain St-Gelais. «C'est une surprise», a-t-elle expliqué. Jeudi, elle avait remis au cycliste une lettre à lire dimanche matin seulement et dans laquelle elle lui annonçait qu'elle serait à Montréal.

Lorsque Sylvain St-Gelais, de la base militaire de Bagotville à Saguenay, est arrivé, Mme Béchard a crié son nom et retenu quelques larmes. «Je suis très ému... Je le sais que ça n'a pas été facile.» « On a souffert à cause de la pluie», a reconnu M. St-Gelais qui en était à sa première participation.

Au Parc olympique, Sylvain Rioux qui complétait son quatrième Défi a parcouru près de 700 km depuis jeudi. « Ce défi était celui de la persévérance, c'était physique... avec la pluie on ne profite pas des paysages, dit l'homme de 55 ans qui habite Sainte-Julie, en Montérégie. L'arrivée est thérapeutique !»

Rencontré une heure après son arrivée dans sa caravane, Pierre Lavoie affichait un sourire satisfait et soulagé. « Ça a été un week-end d'inconfort, mais les cyclistes se sont vraiment dépassés, même moi, je suis sorti de ma zone de confort», a dit cet habitué des courses d'endurance ironman.

«Quand je rentrais dans ma caravane, je regardais les prévisions météo sur mon iPad et je voyais des orages, a-t-il expliqué. Je sortais et j'encourageais les cyclistes à repartir en leur disant qu'il y aurait peut-être une éclaircie.»

Ce n'est qu'aujourd'hui que les rayons de soleil ont finalement fait leur apparition permettant ainsi aux Montréalais de sortir en grand nombre sur les trottoirs pour encourager les cyclistes.

L'accueil des Montréalais a été particulièrement chaleureux pour cette sixième édition, selon Pierre Lavoie. Les cyclistes ont d'ailleurs traversé pour la première fois l'avenue du Mont-Royal témoignant d'un plus grand intérêt de la Métropole pour l'événement. Et ce n'est pas le fruit du hasard puisque la moitié des écoles qui recevront les fonds amassés grâce à ce défi sont situées à Montréal, cette année.

Le succès du Grand Défi Pierre Lavoie se confirme chaque année. En 2014, selon les premières estimations, près 2,2 millions $ ont été amassés, a indiqué M. Lavoie à La Presse. L'argent sera notamment reversé aux 350 écoles parrainées. L'an dernier, 1 400 000 $ ont été redistribués à près de 250 écoles primaires.

Le maire Denis Coderre qui était présent au Parc olympique pour accueillir les cyclistes a promis un Défi grandiose pour le 375e de Montréal, en 2017. M. Lavoie a confié à La Presse qu'il rêvait d'un grand événement international pour 2017. Le ministre de l'Éducation Yves Bolduc qui a parcouru une trentaine de kilomètres à vélo avec le groupe a promis que Québec contribuerait à ce grand rassemblement.

Créé en 2009, le Grand défi vise à promouvoir de saines habitudes vie et soutenir la recherche sur les maladies héréditaires orphelines. En 1999, Pierre Lavoie qui habite au Saguenay-Lac-Saint-Jean pédalait pour amasser des fonds pour la recherche sur l'acidose lactique, une maladie rare qui a emporté deux de ses quatre enfants.

En 2005, il a invité les élèves d'écoles à parcourir un kilomètre avec lui. Ce fut le déclic. L'athlète a su qu'il devait aller à la rencontre des jeunes dans les écoles. Ainsi depuis 2009, chaque équipe de cyclistes qui participe au défi parraine une école et récolte des fonds afin de financer des programmes de promotion de saines habitudes de vie.

«Cette année j'ai vraiment senti la profondeur du mouvement, notre message est encore plus fort», a ajouté M. Lavoie.