Accroître les pouvoirs et les revenus de Montréal et de Québec, dans des domaines aussi cruciaux que l'immigration et la culture. Reconnaître dans deux lois leur statut de métropole et de capitale. Offrir aux municipalités en région des redevances sur les ressources naturelles.

Le nouveau ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, a reçu un mandat clair du premier ministre Philippe Couillard: «Accroître l'autonomie municipale, refaire la relation entre le gouvernement du Québec et les municipalités.» Et cette fois sera la bonne, assure l'avocat de formation qui a travaillé pendant 22 ans en droit municipal.

«Honnêtement, jamais, jamais, jamais, je n'ai entendu une directive aussi claire venant du niveau politique le plus élevé. C'est la première fois que je trouve dans la direction que donne le premier ministre du Québec des indications aussi claires sur la façon de redéfinir la relation entre le gouvernement du Québec et les municipalités.»

Concrètement, il se dit prêt à envisager qu'une métropole comme Montréal puisse par exemple assumer l'intégration des immigrants. «On a 50 000 personnes qui choisissent de s'établir au Québec chaque année. Quatre-vingt-cinq pour cent de ces gens-là s'établissent à Montréal. Montréal, de facto, joue un rôle dans l'accueil des personnes issues de l'immigration.» Même chose en culture, où Montréal exerce «une fonction unique en tant que métropole».

«Il faudrait voir s'il n'y a pas d'éléments issus du ministère de la Culture qui pourraient aussi faire l'objet d'un transfert vers la métropole, pour lui donner une dynamique culturelle qui lui soit propre [...] Quand vous êtes à New York, quand vous êtes à Londres, à Paris, vous êtes d'abord à New York avant d'être aux États-Unis. Il y a une atmosphère inhérente à cette ville-là qui est une grande métropole. Si on veut donner à Montréal les moyens de jouer un rôle de métropole de calibre international, c'est de ça qu'il faut parler.»





Une loi à peaufiner

Les nouveaux revenus qu'il propose viendraient avec ces nouvelles responsabilités, explique-t-il.

«Quand on parle de revenus nouveaux, vos collègues posent la question en demandant si on va donner un point de TVQ, la taxe sur l'essence. L'idée n'est pas là. Si on redéfinit le partage des compétences, la partie des compétences qui seraient nouvellement exercées par Montréal viendrait soustraire cette compétence au gouvernement du Québec. Et donc les coûts afférents.»

Il compte sur la table Québec-Montréal, qu'il a annoncée en début de semaine, pour peaufiner les détails de ces transferts de compétences, qui seraient inclus dans une Loi sur la métropole. Son adoption ne sera pas précipitée, répète-t-il, comme dans le cas de Toronto qui a dû attendre deux ans avant d'avoir la sienne.

«Ce n'est pas de la structurite, je veux créer pour la constitution du statut particulier de la métropole et de la capitale un guichet unique où le maire n'aura pas besoin d'aller peddler dans tous les ministères.»

Ce qu'a dit Pierre Moreau sur...

...les maires Denis Coderre et Régis Labeaume

Ça va s'annoncer de bons partenaires. Ce sont des gens qui ont des personnalités fortes. Moi, j'ai toujours aimé m'entourer de gens forts, d'abord dans mon équipe, parce qu'ils nous permettent de progresser.

...son retour aux sources aux Affaires municipales

J'ai pratiqué 22 ans en droit municipal avant de faire de la politique. Le premier travail que j'ai eu comme étudiant à l'université, c'était ici aux Affaires municipales. Je m'y retrouve aujourd'hui bien des années plus tard, dans le bureau du ministre. C'est comme l'annonce de Remington, j'ai tellement aimé ça que j'ai acheté la compagnie.

...sa nomination

On ne fait jamais de choix! Quand j'ai rencontré M. Couillard, il m'a dit: «Bienvenue au Conseil des ministres, sais-tu où tu vas?» J'ai dit: «Écoute, il y a tellement de choses qui ont été écrites, Justice, Transports, Sécurité publique.» Il m'a dit: «None of the above, tu t'en vas au municipal.» C'est un mandat qui me plaît beaucoup, je me sens bien à l'aise avec le sujet. Je me dis qu'on a une chance unique de vraiment faire quelque chose de bien. Si on le fait avec sincérité, avec l'ouverture et la réflexion que ça suppose, on va faire quelque chose de bien.

...le ménage dans les villes

C'est bien qu'il ait eu lieu, il a commencé lorsque le gouvernement a mis sur pied l'UPAC et lui a donné 30 millions pour son fonctionnement. Après ça, toutes les mesures adoptées par l'Assemblée nationale, que ce soit du gouvernement Charest ou Marois, ont été adoptées à l'unanimité. Mais ce que nous voulons faire n'est pas lié à ça. C'est lié à une nouvelle façon de voir la fourniture des services à un contribuable unique qui est le même, sur le plan municipal ou provincial.