Les propos du conseiller municipal Jeremy Searle, qui a comparé les souverainistes à l'agrile du frêne qui devaient être «éradiqués», ont provoqué toute une prise de bec à l'hôtel de ville. Le conseiller de l'arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce est passé à deux doigts d'être expulsé du conseil, une procédure rarissime.

C'est une question anodine du conseiller Searle sur le «tunnel Décarie», adressée au maire Denis Coderre, qui a mis le feu aux poudres. Ce dernier est plutôt revenu sur les propos de M. Searle concernant les souverainistes et lui a demandé de réitérer ses excuses devant le conseil municipal.

La semaine dernière, M. Searle a envoyé un bref communiqué d'excuses aux médias. Plutôt que de répéter ses excuses, il s'est offensé que le maire Coderre ne réponde pas à sa question.

«Je pardonne à M. Coderre pour ne pas comprendre... le français, a-t-il déclaré. Je posais une question sur le tunnel Décarie. Je répète, probablement qu'il a un problème au cerveau.» Sa sortie a suscité un tollé.

«M. Searle, nous sommes ici dans une chambre d'honorables, je me suis battu toute ma vie contre l'intolérance, a déclaré M. Coderre. De banaliser quelque propos que ce soit, contre des souverainistes, des fédéralistes, c'est inacceptable. Si vous continuez, vous n'avez pas votre place dans cette chambre. Et ne vous inquiétez pas de mon cerveau.»

Maire «100% hors d'ordre»

Le président du conseil, Frantz Benjamin, a demandé de façon catégorique au conseiller Searle de s'excuser auprès du maire. La première réaction du conseiller sur la sellette a plutôt été... de demander des excuses à son tour.

«Le maire est 100% hors d'ordre. Il a décidé de façon dégueulasse de faire ses commentaires sans m'en parler avant. C'est dégueulasse et inacceptable et je demande des excuses de M. Coderre.»

Le maire a demandé l'appui des conseillers pour déposer une motion de blâme contre M. Searle. Le leader de Projet Montréal, Marc-André Gadoury, est allé plus loin et a demandé l'expulsion du conseiller fautif. «Je demande un peu de démocratie dans cette chambre, pas de la démagogie», s'est défendu ce dernier. Il a finalement reconnu que ses propos du 8 avril dernier, comparant les souverainistes et l'agrile du frêne, étaient «totalement inacceptables». «Et j'offre mes excuses à mes collègues, les citoyens de Montréal, et tout le monde que j'ai blessé.»

«Mais j'aimerais avoir une réponse sur le tunnel Décarie», a-t-il ajouté.

Le président du conseil lui a rappelé qu'il n'avait pas présenté ses excuses pour ses propos de cet après-midi. «Ma demande est claire : vous venez d'insinuer qu'un collègue est malade au cerveau. Je voudrais que vous vous excusiez de cela.»

Infatigable, le conseiller Searle s'est d'abord excusé au président. «Ce n'est pas à moi que vous devez dire cela», a répliqué Frantz Benjamin. «Excusez-moi, M. Coderre», a finalement laissé tomber M. Searle, permettant aux travaux du conseil municipal de se poursuivre.