Une importante manifestation d'employés municipaux opposés au «carcan» d'une loi sur les régimes de retraite a paralysé une partie du centre-ville de Montréal ce midi.

Comme ils l'avaient promis, ces policiers, pompiers, cols blancs, cols bleus et professionnels, «entre 2000 et 3000» selon les organisateurs, ont dénoncé l'attitude de l'Union des municipalités du Québec (UMQ) dans ce dossier. Devant les bureaux de l'organisme, rue Sherbrooke Ouest, ils ont scandé des slogans sans équivoque, comme «UMQ, vendus». La plupart arboraient une casquette bleue avec l'inscription «libre négo», demandant au nouveau gouvernement Couillard de ne pas imposer une loi qui donnerait le pouvoir aux municipalités d'imposer un partage à parts égales des coûts des régimes de retraite.

Selon les premières indications, le gouvernement libéral serait favorable à ressusciter le projet de loi des péquistes. Au terme d'une année de négociations, employés et municipalités pourraient aller en arbitrage, après quoi un partage égal des coûts des régimes de retraite pourrait être imposé. Les syndiqués sont outrés que les coûts des déficits passés puissent également être assumés selon ce ratio.

«Les membres de la coalition, on est plus qu'inquiets, a déclaré Marc Ranger, porte-parole de la coalition regroupant quelque 55 000 employés municipaux, dont plus de 20 000 travaillent à la Ville de Montréal. On veut passer un message clair à l'UMQ: «Assez, c'est assez.» Chaque semaine, on a des règlements. Laissez-nous négocier, on n'a pas besoin de loi qui nous l'imposera.»

Pas des «gras durs»

M. Ranger qualifie de «légende urbaine» la perception que les employés municipaux bénéficient de conditions de retraite largement supérieures à la moyenne.

«Je donne un exemple: les cols bleus de Montréal, ce sont 5600 retraités, avec une rente annuelle moyenne de 21 000$. Vous appelez ça des gras durs? On se bat pour que chaque citoyen du Québec ait un meilleur régime de retraite. Ce n'est pas en nivelant par le bas et en s'attaquant à ceux qui ont des régimes de retraite qu'on va régler les problèmes.»

Incisif, le porte-parole estime que l'UMQ tente de détourner le débat en s'attaquant aux conditions de retraite des syndiqués. «Pendant qu'on parle de nos conditions de travail, qu'on n'a pas volées, on ne parle pas de la corruption et de la collusion. Ç'a coûté des centaines de millions juste à Montréal. On n'a pas entendu l'UMQ dénoncer ça. Ce ne sont pas les employés municipaux qui donnent les contrats.»

Dans les prochaines semaines, les employés municipaux tiendront un grand rassemblement devant l'Assemblée nationale. Ils multiplieront également les manifestations locales dans certaines municipalités où «on va identifier des maires qui sont délinquants, prévient Marc Ranger. Ces gens-là vont sentir la pression de l'ensemble de leurs employés municipaux.»