La Commission de la construction du Québec ordonne l'arrêt immédiat des travaux de conversion d'un monument historique de grande valeur au centre-ville de Montréal, après avoir constaté que l'ancien «roi des peep-shows» de la métropole tentait d'y aménager des logements en usant de procédés douteux.

L'ordonnance de fermeture du chantier des Appartements Bishop Court, angle Bishop et De Maisonneuve, a pris effet à la fin février, mais elle vient tout juste d'être officiellement enregistrée au palais de justice de Montréal.

Le bâtiment de style néo-Tudor, classé «monument historique» et «immeuble de valeur patrimoniale exceptionnelle» par le gouvernement du Québec, a été construit en 1904 par les architectes Saxe et Archibald. L'Université Concordia y a longtemps eu des bureaux, puis elle a vendu l'immeuble pour 3,2 millions de dollars en 2010.

D'importantes rénovations ont été entreprises pour y aménager des logements de prestige. Après une série de mésaventures financières et de problèmes avec des entrepreneurs en construction qui disaient ne pas avoir été payés, le projet a atterri entre les mains de l'homme d'affaires Karsten Rumpf.

Rumpf avait été baptisé «le Roi des peep-shows» par le magazine Affaires Plus au cours des années 1990, car il était le plus important propriétaire de cinémas XXX à Montréal et Hamilton. Aujourd'hui, son adresse correspond à une boîte postale de Nassau, aux Bahamas, et l'homme s'est recyclé dans la gestion d'un imposant parc immobilier. Son représentant à Montréal n'a pas répondu à nos appels hier.

La Commission de la construction dit avoir inspecté le chantier des Appartements Bishop Court à plusieurs reprises. Ses inspecteurs étaient mal reçus et avaient du mal à pénétrer sur les lieux et y ont découvert des travailleurs sans cartes de compétence. Pire, les travaux n'étaient même pas supervisés par un entrepreneur accrédité en bonne et due forme, selon eux.

«Ils ont aussi constaté des problèmes qui pouvaient porter atteinte à la sécurité à cause des installations électriques», raconte Simon-Pierre Pouliot, porte-parole de l'organisme.

Le propriétaire devra maintenant convaincre la Commission qu'il a régularisé la situation avant de pouvoir reprendre les travaux.