La rétrocaveuse tombée dans un immense trou dans la rue Sainte-Catherine, en août dernier, pourrait symboliser à elle seule les difficultés de la Ville de Montréal en 2013 pour retaper ses infrastructures souterraines. Alors que les bris majeurs se multiplient, le Service de l'eau de la métropole a reconnu hier avoir réalisé l'an dernier seulement 34 % des travaux prévus, en raison des nouvelles vérifications imposées sur la probité des entrepreneurs.

L'étude du budget 2014 de la Ville de Montréal s'est intéressée hier au Service de l'eau. Lors de sa présentation, la directrice Chantal Morissette a confirmé que les deux tiers des chantiers qui devaient avoir lieu l'an dernier n'ont pu être réalisés.

Sa présentation révèle ainsi que des travaux d'entretien préventif avaient d'ailleurs été prévus dans la rue Sainte-Catherine à l'endroit où la chaussée s'est effondrée sous le poids de la rétrocaveuse, mais que ceux-ci avaient été reportés.

Le retard pris dans la réfection du réseau risque de coûter cher, prévient le Service de l'eau. D'abord, la dégradation du réseau s'accélère et entraîne de plus en plus de ruptures majeures. En 2013, la Ville a dit avoir subi 11 ruptures majeures de conduites, contre une seule en 2007.

Et les réparations d'urgence coûtent beaucoup plus cher, a constaté le Service de l'eau en comparant des travaux similaires planifiés (voir encadré). « Toute intervention d'urgence coûte en moyenne de 5 à 10 fois plus cher qu'une intervention planifiée », a souligné Mme Morissette.

Note de passage à 80 %

La réalisation de seulement 34 % des chantiers est d'autant plus préoccupante que le Service de l'eau considère que, en raison de l'état de décrépitude du réseau, le pourcentage minimal de réalisation devrait être de 80 %. Les chiffres avancés hier démontrent toutefois que Montréal n'a même jamais atteint la barre des 70 % depuis 2006.

« Le problème, ce n'est pas ce qui est budgétisé, c'est d'arriver à faire ce qu'on indique au budget, a déploré le nouveau directeur général de Montréal, Alain Marcoux. Pour moi, l'enjeu majeur est de hausser le taux de réalisation des travaux. »

Montréal explique le faible taux de réalisation de ses chantiers d'eau en 2013 par les vérifications imposées par la Loi sur l'intégrité. Depuis décembre 2012, les entrepreneurs souhaitant obtenir des contrats publics doivent obtenir une accréditation de l'Autorité des marchés financiers (AMF). Or, les vérifications entreprises ont été longues pour certains, notamment le Groupe Hexagone, qui a repris les entreprises de l'entrepreneur Tony Accurso. Ceux-ci ont dû attendre plus de six mois avant d'obtenir le feu vert pour décrocher des contrats.

L'élu responsable de l'eau au sein de l'administration Coderre, Chantal Rouleau, a dit vouloir rattraper cette année le retard pris en 2013. « On est assez confiants. On a une bonne masse critique d'entrepreneurs et, l'expertise interne, ça va bien. »

2006 > 65 %

2007 > 58 %

2008 > 52 %

2009 > 69 %

2010 > 58 %

2011 > 52 %

2012 > 57 %

2013 > 34 %

Objectif annuel visé: 80 %

Source : Ville de Montréal