La formation du candidat défait à la mairie de Montréal Marcel Côté n'est peut-être pas au bout de ses peines. En plus de sortir de la campagne électorale avec un important déficit, Coalition Montréal fait maintenant l'objet d'une vérification du Directeur général des élections (DGE), a appris La Presse.

Dans son rapport de dépenses électorales, la formation de Marcel Côté rapporte avoir dépensé 818 000$ durant la campagne, soit la moitié du maximum permis par la loi. Les revenus du parti n'ont toutefois été que de 688 000$, si bien qu'il ressort de l'exercice avec un déficit de 130 000$. C'est la seule des quatre principales formations en lice en 2013 à avoir dû sortir l'encre rouge.

Le partage des dépenses entre candidats du parti de Marcel Côté soulève toutefois plusieurs interrogations. Le DGE a confirmé à La Presse vouloir «procéder à la vérification des rapports de dépenses électorales des candidats de Coalition Montréal», a indiqué un porte-parole, Denis Dion.

La question peut sembler pointue, mais pourrait priver la Coalition de dizaines de milliers de dollars. La loi prévoit que certaines dépenses effectuées par les partis en campagne sont communes, comme la publicité, et doivent être réparties équitablement entre tous les candidats. Ainsi, ces dépenses ne peuvent pas être attribuées seulement à certains candidats et pas à d'autres.

Or, La Presse a constaté que plus des deux tiers des dépenses électorales de la Coalition ont été attribuées aux candidats ayant obtenu plus de 15% des votes, soit le seuil minimal fixé par la loi pour obtenir un remboursement de 70% des dépenses électorales.

Les 49 candidats ayant obtenu plus de 15% des votes ont rapporté avoir dépensé 86% du maximum autorisé par la loi. Les 48 candidats ayant eu moins de 15% ont dit avoir dépensé à peine 27% du maximum permis. Quant au candidat à la mairie de la Coalition, Marcel Côté, il rapporte par exemple avoir dépensé seulement 59 000$ dans sa tentative pour devenir maire, soit à peine 14% du maximum autorisé par la loi. Or, en n'obtenant que 13% des votes, lors de l'élection du 3 novembre, il n'a pas droit à un remboursement de ses dépenses électorales.

Dépenses sur le Plateau

L'analyse des dépenses par arrondissements est également révélatrice. À LaSalle, par exemple, où aucun candidat n'a obtenu plus de 15% des votes, les candidats de la Coalition rapportent avoir dépensé à peine 22% du maximum autorisé par la loi. En revanche, les candidats du Plateau, qui ont tous obtenu plus de 15%, ont déclaré avoir dépensé 95% du maximum autorisé par la loi.

En vertu du rapport de dépenses présenté hier, la Coalition pourrait avoir droit à un remboursement d'environ 394 000$. Si le DGE juge le partage des dépenses non conforme, le remboursement pourrait fondre considérablement. Un partage plus équitable entre tous les candidats des dépenses donnerait un remboursement de seulement 232 000$, selon nos calculs.

En entrevue, Marcel Côté a défendu le partage des dépenses de son parti, tout en précisant ne pas être responsable de la comptabilité. «C'est certain qu'on a dépensé où on pensait avoir des chances de gagner. C'est clair qu'on n'a pas dépensé dans Saint-Laurent, Anjou, L'Île-Bizard ou LaSalle. Par contre, dans le Plateau, on a mis beaucoup d'argent, beaucoup d'efforts.»

Le candidat défait à la mairie dénonce les règles de financement des partis, estimant qu'elles ne sont pas adaptées pour Montréal. Il déplore que les partis ne connaissent pas le montant du remboursement auquel ils auront droit au moment de remettre leurs rapports de dépenses.

Les autres partis

La Ville de Montréal a rendu publics hier les rapports de dépenses électorales des partis qui ont pris part à la campagne. C'est la formation du maire Denis Coderre qui a le plus dépensé lors de la campagne. Équipe Coderre dit avoir dépensé près de 1,2 million.

Les données démontrent également que Mélanie Joly a réussi à terminer au deuxième rang même si sa formation a dépensé beaucoup moins que les trois autres principaux partis. Le Vrai changement pour Montréal dit avoir dépensé 252 000$.

La formation de Richard Bergeron, qui a terminé troisième mais a obtenu le poste de chef de l'opposition, a pour sa part, dépensé tout près de 900 000$.

Dépenses des partis

Équipe Coderre: 1 168 000$

Projet Montréal: 900 000$

Coalition Montréal: 818 000$ (déficit de 130 000$)

Vrai changement pour Montréal (Mélanie Joly): 252 000$

Équipe Barbe (LaSalle): 60 300$

Option Verdun: 46 000$

Équipe Anjou: 38 400$

Équipe Andrée Champoux pour Verdun: 24 500$

Équipe Dauphin Lachine: 22 000$

Équipe Conservons Outremont: 19 600$

Équipe Richard Bélanger: 18 500$

Source: Rapports de dépenses électorales