L'administration Coderre a présenté mercredi son tout premier budget, sous le signe de la maîtrise des dépenses. Pour boucler l'exercice, les taxes résidentielles seront toutefois augmentées de 2,8% et de 1,8% pour les commerçants.

«Aujourd'hui, retenez deux mots: responsable et pragmatique, a déclaré d'entrée de jeu le maire Denis Coderre. Ce budget ne représente qu'une première étape, une transition entre l'ancienne et la nouvelle ville.»

Après des années de croissance rapide, le budget de la Ville de Montréal affiche une hausse modérée de 1,3%, pour s'établir à un peu moins de 4,9 milliards. En comparaison, le budget de la métropole a augmenté annuellement de 3,7% en moyenne au cours des 8 dernières années.

«Nous avons dû prendre des décisions en peu de temps et faire des choix pour certains difficiles. À notre arrivée, il y avait un déficit de 175 millions. Si nous acceptions toutes les demandes, les contribuables auraient dû subir une hausse de 7%. Le statu quo, le business as usual, était inacceptable», s'est félicité le président du comité exécutif, Pierre Desrochers.

Malgré la maîtrise des dépenses annoncée, les Montréalais n'auront pas de répit quand ils recevront leur avis d'imposition fin février. Pour équilibrer son budget, l'administration Coderre dit avoir respecté sa promesse électorale de plafonner la hausse sur l'inflation en augmentant l'impôt foncier de 1,9%. Ce chiffre ne tient toutefois pas compte des taxes ajoutées par les arrondissements, les 19 administrations locales ayant en effet augmenté leur impôt foncier de pas moins de 13%.

Pour le Montréalais moyen, la hausse réelle de l'impôt foncier sera ainsi de 2,8%. Le propriétaire de la maison moyenne, évaluée à 377 600$, recevra ainsi un avis d'imposition de 3521$, en hausse de 96$ par rapport à 2013.

Même s'ils ne recevront pas d'avis d'imposition, les locataires seront eux aussi touchés par la hausse, puisque leur propriétaire peut répercuter intégralement l'augmentation sur leur loyer. Selon Statistique Canada, 64% des Montréalais sont locataires.

La plus forte hausse de l'impôt foncier se fera sentir dans Rivières-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles où les Montréalais verront leur avis d'imposition augmenter de 5,3%. Les arrondissements d'Anjou (4,9%) et du Plateau-Mont-Royal (4,6%) suivent de près.

À l'inverse, les propriétaires de Montréal-Nord encaisseront la plus faible hausse, à 1,1%. Ils sont suivis par ceux d'Ahuntsic-Cartierville (1,3%) et Ville-Marie (1,6%).

Les commerçants connaîtront une hausse moindre puisque l'augmentation des taxes non résidentielles sera de 1,8%. C'est dans le Plateau (4,4%) que la facture des commerces augmentera le plus tandis que celle de Lachine sera légèrement en baisse (-0,2%).

L'impôt foncier représente toujours la plus importante source de revenus de la métropole. La Ville de Montréal prévoit ainsi récolter 3,1 milliards, soit 68% de son budget.

Pas d'économie «Charbonneau»

Un an après les révélations de la commission Charbonneau sur la collusion et la corruption, les citoyens ne doivent toutefois pas s'attendre à voir une répercussion sur leur avis d'imposition, malgré une baisse de 30% du coût des chantiers. «Les économies ne se transmettent peut-être pas aux contribuables, mais ça va nous permettre d'accélérer les travaux qu'on doit faire. Ça nous permet de faire beaucoup plus de travaux avec le même argent, ce qu'on ne pouvait plus faire auparavant», a indiqué Pierre Desrochers.

Reconnaissant que Montréal a seulement réalisé de 50% à 60% des chantiers prévus ces dernières années, le président du comité exécutif s'est engagé à augmenter le pourcentage de réalisation à 80%.

Compression à la ville-centre

Dans son effort de maîtrise du budget, l'administration Coderre prévoit «imposer une diminution des dépenses des services centraux» et un gel du budget des arrondissements. On assure que ces coupes ne se traduiront pas par des diminutions dans les services offerts à la population.

Qualifiant le coût des régimes de retraite de «poids énormes», eux qui engloutiront 597 millions en 2014, le maire a promis de trouver une façon de le diminuer. «Déjà, les choses commencent à bouger. Les gouvernements fédéral et provincial sont plus attentifs à ce qu'on dit.»

La majorité des services verra son budget de fonctionnement diminuer. Le service de l'aménagement, urbanisme et développement est le plus durement touché, avec un recul de 5,2%.

Les seuls services épargnés par les compressions sont ceux de la sécurité publique (2,3%) et des loisirs et culture, en hausse de 1,4%.

Malgré les compressions dans les services centraux, la Ville a prévu une enveloppe de 5 millions pour la création du poste de l'inspecteur général, qui devrait voir le jour au cours de 2014.

Après des années de croissance, le nombre d'employés à la Ville sera stable en 2014. Montréal comptera 22 425 postes, soit deux de moins qu'en 2013. Ce sont surtout les services centraux qui feront un effort à ce chapitre. Ceux-ci perdront l'équivalent de 98 postes. À l'inverse, les arrondissements créeront 96 emplois en cours d'année.

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Hausse du budget global de Montréal

2010 : 5,6%

2011 : 5,0%

2012 : 5,2%

2013 : 2,7%

2014 : 1,3%*

*La Ville de Montréal écrit 0,3% dans son budget, mais un changement dans le remboursement de la TVQ porte la hausse réelle à 1,3%

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Hausses de taxes par arrondissement

Ahuntsic-Cartierville : 1,3%

Anjou 4,9%

Côte-des-Neiges-Notre-Dame de Grâce : 2,4%

Lachine 3,1%

LaSalle 1,8%

L'Île-Bizard-Sainte-Geneviève 1,7%

Mercier-Hochelaga-Maisonneuve 2,3%

Montréal-Nord 1,1%

Outremont 3,9%

Pierrefonds-Roxboro 1,7%

Plateau-Mont-Royal 4,6%

Rivières-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles 5,3%

Rosemont-La-Petite-Patrie 2,6%

Saint-Laurent 3,5%

Saint-Léonard 2,6%

Sud-Ouest 3,7%

Verdun 2,0%

Ville-Marie 1,6%

Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension 3,1%

Moyenne de la ville 2,8%