Les propriétaires du restaurant Cavalli, que la police de Montréal avait traîné devant la Régie des alcools notamment parce que des individus liés au crime organisé fréquentaient l'établissement, verront leurs permis d'alcool être suspendus pour une période de 100 jours, une sanction particulièrement sévère et rarement vue.

La cause du restaurant de la rue Peel devait débuter hier devant la Régie des alcools, des courses et des jeux, et durer au moins deux semaines, mais à l'issue de longues négociations auxquelles ont pris part les policiers, les propriétaires de l'établissement ont décidé de signer un engagement volontaire.

Persona non grata

Les détails de cet engagement n'ont pas été divulgués, mais outre les 100 jours de suspension, les propriétaires devront dorénavant interdire l'accès à leur restaurant à une douzaine d'individus liés au crime organisé.

Les noms de ces clients indésirables n'ont pas été dévoilés, mais selon certaines informations, ceux de Gregory Woolley, un ancien membre d'un club-école des Hells Angels ayant aussi des liens avec la mafia, de même que Richard Goodridge et Jean-Philippe Célestin, deux individus liés aux gangs de rue, figurent sur cette liste.

Le restaurant ne pourra non plus accueillir des individus liés à la mafia italienne, dont Leonardo Rizzuto, le fils du défunt parrain Vito Rizzuto, avec qui les policiers avaient déjà discuté derrière l'un des bars de l'établissement lors de l'une de leurs nombreuses visites. Enfin figurent également sur la liste les noms de quelques individus actuellement détenus et en attente de procès dans des affaires variées, dont Shane Kenneth Maloney et Mihale Leventis, deux têtes dirigeantes présumées d'un réseau d'importateurs et de distributeurs de cocaïne qui tentait d'obtenir le monopole au Canada et qui a été démantelé dans l'opération Loquace menée par la Sûreté du Québec en novembre 2012. 

Propriétaires rassurants 

Après la publication d'un article dans La Presse l'été dernier, les propriétaires du restaurant avaient publié une lettre ouverte dans laquelle ils assuraient que leur établissement n'était contrôlé par aucun groupe criminel.

«Il est inacceptable de déduire que notre restaurant serait sous le contrôle du crime organisé parce que des individus ayant eu affaire à la justice viennent y manger à l'occasion. Si certains individus sont bien connus des autorités policières, ils ne le sont pas nécessairement de nous».

«Le Cavalli est un restaurant réputé du centre-ville de Montréal, fondé il y a près de 10 ans, et fréquenté par une clientèle régulière provenant du monde politique, artistique, financier et sportif, ainsi que par des touristes de tous horizons», avaient écrit les propriétaires du restaurant. 

Dans l'entente conclue avec le contentieux de la Régie des alcools, ces derniers s'engagent également à réduire le bruit et à améliorer la circulation des véhicules autour de leur établissement.