Farouchement opposé à la charte de la laïcité, le maire de Montréal, Denis Coderre, tient à prévenir le gouvernement Marois : «Ce n'est pas au gouvernement du Québec à choisir mes employés.»

En impromptu de presse ce matin, lors du lancement de la programmation de la Maison du développement durable au centre-ville de Montréal, le maire Coderre a en outre manifesté son scepticisme devant la tenue d'une commission parlementaire. «Des fois, j'ai l'impression qu'on va avoir une commission parlementaire mais on ne change pas sur... Le ministre nous annonce qu'il est intraitable sur les signes ostentatoires. Des fois, on se demande à quoi ça sert (...) J'entends des choses où, si on veut discuter puis qu'au bout de la ligne, on dit "Je suis intraitable sur tel ou tel dossier..."»

Le maire entend cependant «aller au bout du processus» en déposant un mémoire et en allant le défendre lui-même à Québec. «De façon sereine, on doit faire ce débat-là. J'espère que ce n'est pas juste une stratégie électorale (...) J'espère qu'on ne verra pas ce qu'il y a de plus laid dans la nature humaine. Ce genre de débat est extrêmement émotif, sensible. On n'avait vraiment pas besoin de ce débat-là, ça c'est clair dans ma tête.»

Aucune plainte

Comme il l'avait annoncé en campagne électorale, il rejette cette charte qui pourrait «institutionnaliser la discrimination à l'emploi», notamment en ce qui concerne les femmes voilées.

Il a tenu à rappeler qu'à son avis, il n'y pas de crise actuellement sur ces questions. «Le noeud gordien dans tout ça, c'est, par exemple, si j'ai une employée de la Ville qui porte le voile. Est-ce qu'elle fait la promotion de sa religion? Savez-vous combien de plaintes on a eues à la Ville de Montréal depuis le début sur ce dossier-là? Il n'y en a pas eu pantoute.»

Il affirme appuyer la sortie de l'ex-premier ministre Jacques Parizeau pour qui la neutralité de l'État québécois est déjà établie. Il a réitéré son intention d'envisager «toutes les options», y compris une contestation devant les tribunaux, pour empêcher l'application de la charte.

Il fait peu de cas de la présence du crucifix dans la salle du conseil municipal. «Il est là, le crucifix. Moi, personnellement, ça ne me gêne pas. Quand je m'en vais là, ce n'est pas pour faire ma religion, mais pour aider les Montréalais.»

Viaducs et ville intelligente

Au lendemain de la chute de morceaux de béton du viaduc Henri-Bourassa, le maire Coderre s'est par ailleurs montré rassurant, rappelant «qu'il y a des inspections qui se font en tout temps».

«Je ne suis pas inquiet (...) Ce qui serait important, et ça se fait ailleurs, quand on parle de visibilité et de ville intelligente, c'est de s'assurer que les gens puissent voir en même temps l'évolution de l'état des infrastructures. Pour ne pas qu'on tombe dans la perception et qu'on commence à dire que ça ne va pas bien, et qu'on accentue les inquiétudes.»

Il a précisé avoir demandé un «inventaire complet» de l'état des viaducs, qu'il s'attend à recevoir sous peu.