Quarante-quatre ex-conseillers municipaux de Montréal reçoivent des allocations de départ et de transition depuis la fin de leur mandat à la suite des élections du 3 novembre dernier. Pour les contribuables montréalais, il s'agit d'une facture de 4 millions de dollars.

Qu'ils aient été défaits, qu'ils aient décidé de ne pas se représenter ou qu'ils aient démissionné de leurs fonctions, ces ex-élus recevront toutes les deux semaines, tout au long de l'année, le versement des indemnités prévues par la Loi sur le traitement des élus municipaux. Les sommes varient en fonction du nombre d'années de service ainsi que des émoluments qu'ils recevaient.

Les sommes totales varient entre 35 000 et 205 000 $. Ce sont des montants bruts, avant les retenues fiscales et les impôts.

Ainsi, l'ex-conseiller municipal Carl Boileau, qui n'a fait qu'un seul mandat de quatre ans, empoche l'indemnité de départ la moins élevée, soit 4599,34 $. Il reçoit également, deux fois par mois, 1150,97 $ correspondant à l'indemnité de transition, soit un montant visant à adoucir sa transition vers un nouvel emploi. Ainsi, M. Boileau ou tout autre ex-collègue pourra mettre un terme à ce paiement s'il décroche un emploi en cours d'année. Cette décision est toutefois volontaire.

Au sommet des indemnités, on retrouve l'ex-maire intérimaire Laurent Blanchard, qui a été défait au poste de conseiller municipal dans l'arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. M. Blanchard reçoit une somme totale de 205 000 $. «Ces indemnités existent parce qu'on n'est pas admissibles à l'assurance-emploi, explique M. Blanchard. Et c'est imposé au taux marginal de 48 %. Comme j'ai été élu huit ans, ça fait une prime de 25 000 $ par année. Le parachute n'est pas tout à fait doré.»

Celui qui a été maire intérimaire environ cinq mois craint que sa recherche d'emploi ne soit difficile. «Qui va embaucher l'ex-maire de Montréal?», se demande-t-il. À 61 ans, il estime être trop jeune pour la retraite. Il dit toutefois avoir l'oeil sur le siège laissé vacant par David Heurtel à la Régie des installations olympiques. «Ce serait un naturel pour moi», dit-il.

Ce sont 44 ex-conseillers municipaux qui bénéficient des indemnités. Une seule personne, Cindy Leclerc, n'y a pas accès puisqu'elle n'a pas cumulé le minimum de deux années de service public prévu par la loi.

La Ville de Montréal verse 4 034 343 $ répartis en indemnités de départ (1 053 572 $) et celles versées pour la transition en emploi (2 980 771 $). C'est cette dernière somme qui soulève bien des critiques depuis quelques mois, surtout lorsqu'un élu quitte volontairement son poste et qu'il empoche, malgré tout, une indemnité de transition.

Applebaum et Vaillancourt

La situation de l'ex-maire Michael Applebaum et celle de l'ex-maire de Laval, Gilles Vaillancourt, qui font face tous deux à des accusations criminelles, ont particulièrement fait sourciller. M. Applebaum a démissionné en encaissant 270 000 $ d'indemnités, alors que M. Vaillancourt a reçu un chèque de 225 000 $.

Plus récemment, soulignons le départ de Robert Zambito à quelques jours du scrutin de novembre. Il est visé par des allégations de pots-de-vin. En outre, M. Zambito obtient des indemnités totalisant 104 054 $.

Au cabinet du ministre des Affaires municipales, Sylvain Gaudreault, de qui relève la responsabilité politique de l'application de cette loi, on indiquait hier que le dossier a suscité une réflexion à l'interne. Il n'y a toutefois aucune action concrète ni de changement législatif en vue à court terme, a-t-on précisé.

De son côté, la mairie de Montréal n'a formulé aucun commentaire.

- Avec la collaboration de Pierre-André Normandin

Allocations totales versées à quelques ex-élus

> Laurent Blanchard: 205 209$

> Josée Duplessis: 84 756$

> Sammy Forcillo: 103 691$

> Helen Fotopulos: 111 384$

> Louise Harel: 109 168$

> Lyn Thériault:107 479$

> Robert Zambito: 104 054$