«Nous n'avons pas besoin d'un autre forum où nous allons définir le sexe des anges.» Le maire de Montréal, Denis Coderre, a rejeté sans équivoque le plan d'action de la ministre du Travail, Agnès Maltais, pour régler le déficit des régimes de retraite publics.

Comme elle l'a annoncé aujourd'hui, la ministre Maltais souhaite que les coûts soient partagés à parts égales entre employeurs et employés et donne un délai de deux ans pour y arriver. Pour le maire Coderre, il s'agit «d'un autre forum pour gagner du temps».

«Je ne suis pas tout à fait content de la situation. Qu'on dépose tout de suite la loi, qu'il y ait des mémoires, et on pourra démontrer qu'il y a urgence d'agir, a exigé le maire en point de presse cet après-midi, à l'hôtel de ville. Je n'ai pas besoin d'aller dans les forums. On sait ce qu'on veut, on sait ce qu'on fait.»

La proposition de Mme Maltais de répartir à 50-50 les coûts des régimes «est une formule intéressante, mais on ne donne aucun outil aux municipalités», déplore M. Coderre. «C'est un processus qui va durer deux ans, et ça finit devant la Commission des relations de travail. Nous ne pensons pas que ça peut se régler là, ils n'ont pas l'expertise pour ça.» 

L'opposition d'accord

Le maire propose plutôt une année de négociations avec les employés municipaux et, la deuxième année, l'adoption «d'outils» par Québec pour «finaliser les négociations». Montréal s'est déjà entendu avec ses quelque 4000 cols bleus et les négociations «vont bon train» avec ses quelque 10 000 cols blancs, précise-t-on à la Ville. Par contre, on est très loin d'une entente avec les quelque 7000 policiers et pompiers, qui souhaitent lier la question du déficit actuariel à leur convention collective.

Le chef de l'opposition, Richard Bergeron, est d'accord avec le maire Coderre : «Deux ans de négociations, on n'a pas besoin de ça. Tout le monde comprend le bien-fondé de répartir les coûts à 50-50. Dans l'intervalle, ça va coûter des dizaines, des centaines de millions de dollars. .»

Pour le retour des Expos

Par ailleurs, Denis Coderre s'est dit sans hésitation en faveur du retour du baseball majeur à Montréal et voit «d'un bon oeil» l'étude de faisabilité réalisée par la firme Ernst & Young. Pas question pour lui, cependant, de s'engager à financer ce retour.

«Il est un peu prématuré de parler de deniers publics. Moi, évidemment, je suis probaseball, mais il y a plusieurs réalités, le toit du stade, il y a une réalité budgétaire. On a quand même quelques travaux à faire auparavant.»

Il estime impossible d'obtenir cette équipe sans la construction d'un stade au centre-ville. «Le baseball au stade olympique, oubliez ça!» Chose certaine, a-t-il promis, «le maire de Montréal va s'en mêler pour ramener éventuellement une équipe de baseball.»

Une décision «dégueulasse»

Une journée après l'annonce que Poste Canada allait abandonner la livraison du courrier aux portes dans les zones urbaines, le maire a qualifié cette décision de «franchement dégueulasse». Manifestement ému, il a évoqué le sort des personnes âgées qui vont devoir se déplacer jusqu'aux boîtes collectives, le rôle social des «postiers» qui vont disparaître et qualifier leur travail de «service essentiel».

«Dites-le donc que vous voulez privatiser! On est en train de scrapper complètement le rôle de Poste Canada. Et les boîtes, ils vont les mettre où? Ça m'écoeure. Je vais parler à Denis Lebel et au gouvernement. Ça n'a pas de bon sens.»