La Ville de Laval s'apprête à adopter les nouvelles délimitations des zones inondables telles que décrétées par le gouvernement du Québec, tout en les sachant «non conformes» à la réalité.

«On a un ultimatum. C'est un passage obligé pour pouvoir discuter en toute bonne foi. Je crois aux vertus de la négociation», a affirmé le maire Marc Demers à La Presse.

Dès ce soir, le maire saisira le conseil municipal, réuni pour la première sous son administration, d'une proposition pour obéir au ministère de l'Environnement. Du coup, les règles d'urbanisme seront modifiées afin de tenir compte du décret gouvernemental de l'été dernier.

Ainsi, quelque 700 résidences qui n'ont jamais subi d'inondation font dorénavant partie d'un territoire jugé inondable par le gouvernement, avec les inconvénients que cela suppose: impossibilité de faire des rénovations ou des agrandissements et surtout, perte de valeur de la maison et de son assurabilité.

Cotes non conformes

Le maire Demers poursuit sur la même voie que sa prédécesseure, Martine Beaugrand, qui avait accepté le mois dernier de se plier à la volonté de Québec. En contrepartie, le ministère de l'Environnement a consenti à ce que la Ville poursuive son étude sur les cotes de crues sans toutefois s'engager à les considérer et ainsi corriger ses propres calculs.

Selon Marc Demers, Laval «ne donne pas carte blanche au gouvernement puisqu'on est en train de compléter une étude». «Les cotes de crues ne sont pas conformes et on s'engage à en faire la démonstration. J'espère avoir les résultats d'ici deux mois», a-t-il indiqué.

Les cotes de crues ont été établies en 2005, mais l'administration lavalloise les avait contestées jusqu'à ce jour en s'appuyant sur des experts. Après la démission de Gilles Vaillancourt et la mise en tutelle de Laval, en juin dernier, le gouvernement a coupé court aux discussions. Un des objectifs était d'empêcher que Laval donne son accord à des projets de tours à copropriétés ne respectant pas les normes nationales aux abords de la rivière des Mille Îles et de la rivière des Prairies.

Mouvement citoyen

Le mois dernier, les citoyens touchés par le décret du gouvernement (notamment dans les quartiers Fabreville, Auteuil et Laval-Ouest) ont reçu un dépliant dans leur boîte aux lettres. La missive n'était pas signée, mais elle les invitait à se mobiliser pour dénoncer la situation qui a un impact important sur leur résidence. «Nos maisons ne valent plus rien», indiquait-on.

Un deuxième document a été distribué avant les élections, qui donnait rendez-vous à la population à l'assemblée du conseil municipal sous le titre «Il faut réveiller nos élus le 18 novembre». Cette fois, il s'agit d'une pétition pour «bloquer» le geste de la municipalité qui répondrait positivement au décret du gouvernement. Le document pose 12 questions dont: «Est-ce que le nouveau maire et les nouveaux conseillers vont nous défendre contre ce changement de zonage injuste et erroné?»

Le maire a confirmé que l'hôtel de ville a reçu de très nombreux appels, courriels et lettres de citoyens inquiets. M. Demers a réitéré sa volonté de «défendre l'intérêt des Lavallois» dans ce dossier.