Le choc est survenu samedi soir pour la Montréalaise Evelyn Caluguay. Au début du week-end, les autorités philippines parlaient d'une centaine de morts. Evelyn était inquiète pour son frère, qui habite l'île de Samar, point d'entrée du typhon Haiyan. Samedi soir, elle a appris que le bilan venait de grimper à 10 000 morts. Son coeur s'est serré. C'est à ce moment qu'elle a réalisé que son pays d'origine venait d'être touché par la plus importante catastrophe naturelle de son histoire.

La communauté philippine de Montréal, qui vit principalement dans l'arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, était hier encore paralysée par l'inquiétude, deux jours après le passage du typhon.

Les réseaux d'électricité et de téléphonie ayant été détruits dans les régions les plus touchées, les nouvelles arrivent au compte-gouttes.

Beaucoup plus agitée que la veille, Evelyn était envahie par l'angoisse et la frustration. «Je veux seulement que mon frère m'écrive: «Je suis OK, je suis en vie», a-t-elle déclaré à La Presse. Et que fait le gouvernement? L'endroit le plus touché par le typhon est difficile d'accès, les secours arriveront trop tard. Il y aura beaucoup plus de morts, c'est sûr!»

Après quelques jours d'angoisse, Hassam Hammoudi a de son côté réussi à avoir des nouvelles de sa fiancée et de son beau-fils, qui habitent Ormoc, dans l'île de Leyte, la plus dévastée par le passage du typhon. La jeune femme a reçu des projectiles de métal dans les jambes et des éclats de verre au visage.

«Ils ne peuvent pas faire grand-chose, ils ont juste cousu ce qu'ils ont pu coudre, les grosses blessures, a-t-il dit. La situation est chaotique, donc c'est très difficile d'avoir de l'information.» Le jeune homme s'envolera mercredi pour les Philippines pour aider sa fiancée du mieux qu'il peut.

«J'ai essayé toute la journée d'appeler n'importe quel organisme, juste pour avoir des trucs, comme des couvertures, des chandelles, des vêtements pour enfants, pour femmes, pour amener le maximum avec moi dans mes deux valises.»

La chorale Panday Tinig, dont le répertoire est composé de chansons traditionnelles philippines, s'est réunie ce week-end pour discuter d'un spectacle-bénéfice prochainement.

L'association des femmes philippines du Québec, Pinay, dans laquelle Evelyn Caluguay est impliquée, avait prévu une activité de financement pour leur groupe, samedi dernier. Mais devant l'ampleur de la catastrophe, la soirée s'est transformée en collecte de fonds pour les sinistrés du typhon. «On a à peine recueilli 300$», a dit Evelyn en soupirant.

Une autre activité est prévue la semaine prochaine. La Croix-Rouge canadienne ainsi que l'OEuvre Léger récoltent également des dons.

«Je me sens si impuissante, j'essaie de me concentrer sur ce que je peux faire pour aider... mais j'ai juste envie de partir là-bas pour aider», a ajouté Evelyn de sa voix tremblotante.

Le conseiller municipal du district de Snowdon, Marvin Rotrand, était de passage à l'Association des Philippins de Montréal et banlieues (FAMAS), hier, pour assurer de l'appui de la Ville de Montréal.

- Avec la collaboration de Carl Marchand