La gestion des agglomérations créées dans la saga des fusions et défusions coûte cher, révèle le palmarès du coût des services municipaux de HEC Montréal. Le directeur du Centre sur la prospérité et la productivité, Robert Gagné, n'hésite pas à parler d'un «échec lamentable».

Dans leurs travaux sur le coût des services municipaux, les chercheurs de HEC Montréal ont poussé l'exercice jusqu'à comparer les villes faisant partie des agglomérations issues des fusions et défusions. Leurs travaux démontrent que les villes défusionnées affichent pour la plupart des coûts de services nettement plus élevés que la ville à laquelle elles se retrouvent attachées.

«C'est plate de remettre ça sur la table, mais une des conclusions, c'est que toute cette saga fusions/défusions a été un échec lamentable en termes de coûts pour recevoir des services municipaux, services qui ne sont pas meilleurs qu'il y a 10 ans», affirme Robert Gagné.

L'économiste souligne que les municipalités reconstituées sont souvent plus riches. Le coût des services étant financé en fonction de la richesse foncière, les villes liées se trouvent ainsi à payer une part plus importante.

Moins cher dans les villes non fusionnées

La comparaison avec les villes limitrophes qui ont échappé aux fusions est également fort révélatrice, indique M. Gagné. Il cite en exemple Saint-Bruno-de-Montarville, ville liée à Longueuil, et Sainte-Julie. Ces deux banlieues-dortoirs, semblables en apparence, affichent pourtant des coûts de services forts différents: globalement, les services de la première sont 50% plus élevés que ceux de sa voisine.

Il en coûte par exemple 320$ par Montarvillois pour le service de police, contre 150$ par Julievillois. «C'est le coût d'appartenir à une agglomération», résume M. Gagné. «Pourquoi, si j'habite à l'ouest de l'autoroute 20, comme citoyen, ça me coûte deux fois plus cher pour mon service de police?»

Importants écarts

Robert Gagné souligne que la gestion des agglomérations est très difficile à évaluer. «Il y a certainement des spécialistes dans les villes comme Longueuil ou Montréal qui comprennent le système, mais ils sont les seuls. Pour moi, c'est un problème, pas en tant qu'expert, mais en tant que citoyen, je ne suis pas capable d'évaluer simplement en regardant les états financiers comment l'argent est dépensé», déplore-t-il.

Les données obtenues par HEC Montréal laissent entrevoir une grande disparité dans le coût de services pourtant similaires au sein d'une même agglomération. Le déneigement d'un kilomètre de rue à Montréal coûte huit fois plus cher qu'à Beaconsfield. Même écart majeur pour le service de police: il coûterait 189$ par habitant à Dollard-des-Ormeaux, contre 928$ à Dorval. Acheminer de l'eau potable sur 1 km coûterait également 10 fois plus cher à Westmount qu'à Senneville.

Les mêmes écarts difficilement explicables sont observés à Longueuil.