James Clarke reconnaît qu'avant, il était colérique et agressif. Mais il jure qu'il n'est plus le même depuis qu'il a fait des thérapies. Et puis, il prend maintenant des médicaments qui lui accordent 15 secondes de réflexion avant de péter les plombs.

« Avant, je réagissais sur le coup. Là, j'ai 15 secondes pour penser et me dire, est-ce que c'est ce que je veux faire ? Est-ce que quelqu'un va souffrir ? », a raconté l'homme de 34 ans, avant d'ajouter qu'il avait été diagnostiqué bipolaire au cours des dernières années. 

M. Clarke témoignait alors dans le cadre des représentations sur la peine qui doit lui échoir, pour un crime commis en 2003.

Il a plaidé coupable à une accusation de voie de fait grave en 2005 pour cette affaire. Mais il n'a jamais eu sa peine parce qu'après son plaidoyer, il s'était évanoui dans la nature. Il est réapparu en 2011.

À un cheveu d'être paralysé

L'homme au fort gabarit s'en était pris à un frêle garçon de 18 ans. Les faits se sont produits le soir du 18 juillet 2003, dans Pointe-Saint-Charles. Yan Massie-Berniquez, qui avait alors 18 ans, s'était porté à la défense de sa voisine, avec qui M. Clarke se querellait. Un peu plus tard dans la soirée, M. Clarke s'est vengé du garçon, en le propulsant en bas d'un escalier de 17 marches.

« Il m'a agrippé par le chandail, et m'a garroché en bas des escaliers. Quand j'étais étendu en bas, il m'a sauté sur la tête à pieds joints. Après, je ne me souviens plus de rien », a raconté Yan Massie-Berniquez, cette semaine.

M. Massie-Berniquez a aujourd'hui 28 ans, mais ces événements sont restés imprimés dans sa mémoire, et dans son corps. Il avait été opéré à la tête dans les heures suivantes, et est resté hospitalisé plusieurs jours. Il est passé à un cheveu de « paralyser ou de ne plus marcher », a-t-il dit. Les médecins ont été étonnés qu'il s'en sorte aussi bien. Néanmoins, il vit aujourd'hui avec une plaque de métal dans la tête, qui le fait souffrir, particulièrement l'hiver, et il a des vertèbres déplacées.

La brutale agression a changé sa vie, et celle de ses parents, dont il est l'unique enfant. La famille a déménagé sur la Rive-Sud, par crainte. Yan n'a pas pu retourner à l'école à cause du manque de concentration. Il travaille dans une cour à bois depuis huit ans.

Nouveau témoignage

Yan et sa mère, qui ont témoigné en 2005, ont dû recommencer, mercredi. Le juge qui était au dossier à l'époque, Claude Millette, a pris sa retraite, de même que le procureur de la Couronne. L'affaire est maintenant entre les mains du juge Claude Parent. Et c'est la procureure de la Couronne Caroline Paquin qui a repris le flambeau. Les représentations se poursuivront en février prochain.

En ce qui concerne M. Clarke, il a eu d'autres épisodes impliquant de la violence, notamment avec des conjointes, a fait valoir Me Paquin. Aujourd'hui, il a une nouvelle conjointe qui a deux jeunes enfants. M. Clarke agit comme gardien à la maison, pour le plus jeune, âgé de 3 ans, quand madame va travailler.

« On est comme une famille. Il est plus patient que moi », a assuré la femme, hier.