Union Montréal refuse de disparaître. Quatre mois après avoir annoncé sa dissolution, le parti de l'ex-maire Gérald Tremblay a changé d'avis et veut maintenant rester en vie jusqu'à la fin des travaux de la commission Charbonneau, a appris La Presse.

Le 9 mai, le successeur de Gérald Tremblay à la tête d'Union Montréal, Richard Deschamps, annonçait la dissolution de la formation politique qui a dominé la politique montréalaise de 2001 à 2012. Du coup, il annonçait que la Ville de Montréal allait récupérer les 650 000$ qui restaient dans les coffres du parti.

La métropole devra toutefois faire preuve de patience avant de toucher quoi que ce soit: la formation éclaboussée par l'enquête publique sur l'industrie de la construction a retiré sa demande de dissolution. «Il y a des gens de notre parti et des employés qui ont travaillé longtemps pour nous et qui ont été nommés à la Commission, alors on a décidé d'en garder une partie vivante financièrement pour attendre le rapport final de la Commission. On ne sait pas comment ça va finir», a indiqué à La Presse Bernard Blanchet, qui était président du caucus d'Union Montréal jusqu'au 9 mai.

La Commission pourrait en effet distribuer des blâmes dans son rapport final, prévu pour avril 2015. Union Montréal souhaite pouvoir y répondre si certains de ses membres sont écorchés. Plusieurs témoins ont affirmé à l'enquête publique que la formation avait collecté 3% de certains contrats de construction de Montréal pour se financer.

Union Montréal a d'ailleurs conservé son statut de participant à la commission Charbonneau. L'avocat du parti, Michel Dorval, a continué à assister aux audiences de l'enquête publique après l'annonce de la dissolution de sa formation. Sa dernière présence remonte toutefois au 28 mai.

Le DGEQ s'interroge

Au bureau du Directeur général des élections du Québec (DGEQ), on dit étudier de près le dossier d'Union Montréal. Même s'il souhaite rester en vie, le parti pourrait être démantelé puisque rien dans la loi ne permet de retirer une demande de dissolution une fois que celle-ci a été officiellement présentée. De plus, en vertu de la loi, le poste de chef d'un parti ne peut être laissé vacant plus de 30 jours. Or, Union Montréal n'a aucun chef depuis la démission de Richard Deschamps, il y a maintenant quatre mois.

«Pour l'instant, Union Montréal demeure un parti autorisé», dit Carl Charest, porte-parole du DGEQ. Techniquement, la formation peut donc continuer à récolter des dons. Union Montréal reste également maître de son compte de banque. Impossible, donc, de savoir quand - et surtout combien - la Ville de Montréal pourra encaisser les fonds restants du parti, une fois ses livres fermés. Au 31 décembre dernier, la formation disait avoir 650 000$ en banque.

Autre parti durement éclaboussé par les révélations de la commission Charbonneau, le PRO des Lavallois a été dissous beaucoup plus rapidement. La formation de l'ex-maire Vaillancourt a retourné près de 1 million de dollars dans les coffres de la Ville de Laval.

En attendant, c'est l'agent officiel du parti, Marc Deschamps, qui est responsable de ce qu'il reste d'Union Montréal. Celui-ci n'a pas rappelé La Presse.

Le 30 août dernier, le parti a vidé son local du 460, rue Saint-Paul, local qui avait été perquisitionné par l'Unité permanente anticorruption en mai. Les anciens bureaux du parti sont complètement vides, à l'exception des affiches aux couleurs d'Union Montréal toujours accrochées aux murs. Dans la porte d'entrée, une affiche invite les gens à contacter Louis Lewis, qui a été agent officiel du parti. Lui non plus n'a pas rappelé La Presse.

La majorité des anciens élus d'Union Montréal se présentant à l'élection de novembre ont rejoint Équipe Coderre. Certains ont également rejoint la Coalition Montréal de Marcel Côté. Ce dernier a d'ailleurs présenté hier deux candidats issus d'Union Montréal, Bernard Blanchet et Lise Poulin, dans Lachine.

Union Montréal en dates

> 26 août 2001 : Fondation d'Union Montréal. Gérald Tremblay deviendra maire la même année.

> 5 novembre 2012 : Démission de Gérald Tremblay comme maire.

> 8 novembre 2012 : Richard Deschamps succède à Gérald Tremblay à la tête du parti.

> 9 mai 2013 : Union Montréal annonce publiquement sa dissolution.

> 22 mai 2013 : Perquisition aux bureaux d'Union Montréal, rue Saint-Paul.