Le conseiller municipal Harout Chitilian a tenté d'utiliser les doutes que soulevait le dossier du centre de compostage de Saint-Laurent comme monnaie d'échange. Selon la dénonciation de la présidente du comité exécutif de la Ville de Montréal transmise à la police et obtenue par La Presse, M. Chitilian voulait l'assurance que le futur site serait bordé d'une zone protégeant les citoyens de son district du bruit et des odeurs liés au traitement des matières organiques.

Dans sa lettre à l'UPAC, l'EPIM et le contrôleur général de la Ville, en février dernier, la présidente du comité exécutif, Josée Duplessis, va jusqu'à dire que M. Chitilian en fait une condition qui a des allures de «menaces». «Il me demanda de l'assurer de cette condition sinon il allait faire éclater un scandale dans les journaux», écrit Mme Duplessis.

Selon cette dernière, c'est également M. Chitilian qui lui aurait révélé des «faits troublants» devant cinq autres personnes participant à une réunion. Mme Duplessis précise que M. Chitilian a identifié l'ancien élu Saulie Zajdel comme le représentant du propriétaire du terrain où doit être implanté le centre de compostage. De plus, M. Chitilian aurait expliqué que M. Zajdel «aurait eu des entretiens particuliers avec Alan DeSousa».

Rien à se reprocher

MM. Chitilian et DeSousa, aujourd'hui tous deux candidats dans l'équipe de l'aspirant maire Denis Coderre, ont soutenu en conférence de presse n'avoir rien à se reprocher. M. Chitilian a nié formellement avoir proféré quelque menace que ce soit. «J'étais là pour soulever des questions techniques et [...] pour faire part de mes préoccupations éthiques», a-t-il déclaré. Il a aussi précisé que «ce n'est pas son genre» de monnayer des informations qui, par ailleurs, ne lui apparaissaient pas de nature criminelle.

Quant à M. DeSousa, il a clamé son innocence dans ce dossier.

Chose certaine, l'Escouade de protection de l'intégrité municipale (EPIM) relevant du Service de police de la Ville de Montréal a entrepris des vérifications dans le dossier, a appris La Presse.

Ce travail d'analyse s'ajoute à celui mené par l'Unité permanente anticorruption (UPAC). Les deux organisations policières ont toutefois refusé de confirmer si des enquêtes avaient été ouvertes. Chez le contrôleur général de Montréal qui a également été prévenu des soupçons sur de présumées influences qui auraient été faites dans le dossier, on a indiqué qu'on «ne commente pas les dossiers qu'il reçoit ou qu'il traite».

Pour sa part, Josée Duplessis a publié un communiqué pour confirmer que des informations douteuses avaient été portées à son attention. «Après avoir tenté de convaincre, en vain, la personne qui me les a transmises de porter plainte aux autorités policières, il était de ma responsabilité de faire le signalement moi-même», a indiqué Mme Duplessis.