La conférence islamiste organisée à Montréal crée un branle-bas de combat chez les autorités concernées, a constaté La Presse. De Montréal à Ottawa et Paris, on s'active pour en savoir plus notamment sur les prédicateurs français attendus le 7 septembre. On tente aussi d'évaluer les risques engendrés par les manifestations d'opposants.

Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Steven Blainey, a confirmé à La Presse que différents ministères étaient saisis du dossier.

Exemple concret, selon nos sources, les fonctionnaires canadiens en poste à l'ambassade du Canada à Paris, essentiellement ceux de l'Agence des services frontaliers et du SCRS, sont mis à contribution pour vérifier les antécédents des conférenciers. On veut ainsi déterminer s'ils peuvent entrer ou non au Canada en vertu de la Loi sur l'immigration (LIPR).

Au SPVM, on a l'événement «à l'oeil» et on est dans la phase de «collecte d'informations», notamment à cause des risques de troubles à l'ordre public. «Nous avons rencontré les organisateurs des manifestations [d'opposants], indique Laurent Gingras. Il y a une bonne collaboration. Nous avons eu des contacts avec les organisateurs de la conférence.»

«Campagne de diabolisation»

Visiblement dépassés par la polémique, les jeunes organisateurs du «Collectif 1ndépendance» sont sortis de leur silence pour la première fois hier depuis la publication par La Presse, la semaine passée, d'informations sur deux invités-vedettes.

Assistés par l'imam militant Salam Elmenyawi, ils ont dénoncé «la campagne de diabolisation effectuée par certains médias». «Le Collectif n'a jamais encouragé la haine ni la violence envers les femmes ou tout autre groupe de la société [...] Il se dissocie de toute croyance extrémiste et prône un message d'ouverture et de tolérance», a insisté Ishaq Mustaqim.

«Nos conférenciers se doivent de tenir un ton doux et d'éviter le discours incendiaire», a-t-il ajouté.

Sauf que certains des prêches des invités suscitent un tollé, y compris au sein du gouvernement Marois, à cause des propos antifemmes, anticouples gais, antimusique, etc.

Le Français Nader Abou Anas martèle que la femme, «servante d'Allah», doit «raser les murs» lorsqu'elle est autorisée à sortir de chez elle, «n'est pas libre de faire ce qu'elle veut dans ce monde», donc ne peut pas refuser de porter le voile.

Choqué par les images de «couples gais», il qualifie aussi la musique d'«illicite» et de «voix de Satan qui pousse à commettre l'adultère, pervertit les moeurs».

Des propos «dégradants et humiliants» qui ont interpellé la ministre Agnès Maltais. Elle a écrit à son homologue fédérale pour lui demander une action rapide et elle attend la réponse.

«Jugement hâtif» et «position réactionnaire», répliquent les organisateurs. Ils arguent que les paroles d'Abou Anas ont été prononcées «hors du Canada». Ils accusent surtout les médias d'avoir diffusé des extraits «coupés et hors contexte» de «propos dits controversés».

Ces conférenciers seront-ils présents le 7 septembre au Palais des congrès? Mercredi, le ministre fédéral Steven Blainey ne semblait pas enclin à les interdire de territoire. Néanmoins, il se disait «troublé par ces propos inacceptables et rétrogrades qui dépassent l'entendement».