Décontaminer le sol et se débarrasser des BPC à Pointe-Claire devrait coûter «quelques millions», et  les contribuables pourraient ramasser la facture.  

Québec menace de prendre une hypothèque légale sur l'entreprise fautive, Reliance, afin de payer la facture. Mais on ignore combien valent les actifs ou s'ils suffiront à payer pour les travaux. L'estimation du coût des travaux n'est pas non plus connue. Elle sera de «quelques millions», a prudemment répondu le ministre de l'Environnement, Yves-François Blanchet. «Je ne veux pas m'avancer plus sur des chiffres et devoir me dédire», a-t-il expliqué.

Tel que promis, le ministre a mis sa menace à exécution jeudi matin. Il a envoyé une ordonnance à Reliance pour la sommer de «se conformer aux exigences du ministère». Si elle ne réussit pas à prouver son intention aujourd'hui «hors de tout doute», le ministère de l'Environnement prendra le contrôle du site vendredi matin avant midi. 

«Je ne m'attends pas à une réponse favorable de l'entreprise. La barre est haute et le niveau de confiance est ce qu'il est», a dit M. Blanchet.

Pourquoi attendre encore 24 heures avant d'intervenir? Ce sont les délais minimaux prescrits par la loi, explique-t-il. «Je laisse une chance minimale à laquelle la loi me contraint. S'il n'en revenait qu'à moi, il n'y aurait pas eu de dernière chance.» S'il avait agi plus tôt, il aurait «donné une poignée légale» à Reliance pour contester la démarche.

Le Service de police de la ville de Montréal assure déjà une sécurité depuis hier soir. Cette présence sera maintenue. Le ministère devra ensuite identifier les risques d'incendie et préparer un plan d'intervention, répertorier les produits et identifier les risques, puis enfin procéder au nettoyage. Il faudra «quelques semaines» pour se débarrasser des BPC. Pour décontaminer les sols, «c'est plus difficile à dire», reconnaît M. Blanchet.

Le ministère ne sait pas encore si on traitera les BPC sur place ou s'ils seront déplacés. On pourrait les incinérer à très haute température ou procéder à leur déchlorisation.

Québec accumule en parallèle de l'information qui pourrait servir au Directeur des poursuites criminelles et pénales si une poursuite devait être intentée contre Reliance. On se demande aussi quel client a fourni les BPC à Reliance. Hydro-Québec en a déjà eu dans ses transformateurs. La société d'État est-elle en cause? «Ça fera aussi partie de ce que l'enquête devra couvrir, a indiqué M. Blanchet, parce que les clients de l'entreprise sont également en situation irrégulière.»