L'animatrice Anne-Marie Dussault avait prédit vendredi soir un débat «relevé et pétillant» entre les candidats à la mairie de Montréal. Les quatre protagonistes lui ont donné raison, offrant des échanges corsés souvent ponctués d'humour.

Le débat organisé par l'Institut du Nouveau Monde (INM) ne s'est pas conclu par une victoire décisive. Il n'a pas non plus donné lieu à la charge en règle prévue contre celui qui est souvent perçu comme le meneur dans la course, Denis Coderre. Richard Bergeron, Marcel Côté et Mélanie Joly ont profité de l'occasion pour promouvoir leur programme, s'interrompant souvent et y allant de nombreuses piques. 

M. Coderre a rappelé son intention de faire de Montréal une «ville intelligente» et s'est présenté comme l'«antidote au cynisme». M. Côté a défendu le principe de la coalition et la nécessité d'une gestion rigoureuse des fonds. Mélanie Joly, elle, s'est présentée comme la jeune candidate du «pragmatisme» et a rappelé son engagement de réseau de 130 km de service rapide par bus.

Mafia et pharaons

Devant quelque 300 spectateurs réunis dans un amphithéâtre de l'Université du Québec à Montréal, dont beaucoup de sympathisants des candidats, c'est le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, qui a été le plus incisif. Il a notamment qualifié l'équipe de Denis Coderre de «Réunion Montréal», en raison de la forte présence d'ex-élus d'Union Montréal. Il a rappelé une citation controversée de Marcel Côté, qui avait comparé l'an dernier les associations étudiantes à la mafia, «une comparaison qui aurait pu s'appliquer à Union Montréal», a-t-il laissé tomber, déclenchant les rires de l'auditoire.

M. Côté a nié avoir fait cette comparaison, mais a tout de même avoué «regretter le choix des mots». Denis Coderre a quant à lui rabroué M. Bergeron, rappelant que Projet Montréal avait courtisé certains ex-élus d'Union Montréal.

Quant à Mélanie Joly, elle a lancé le premier trait d'esprit après que ses adversaires eurent détaillé leur programme pour les jeunes. «J'en conclus donc que vous jugez ma candidature pertinente», a lancé l'avocate de 34 ans. Elle a cependant été rabrouée par M. Bergeron quand elle a faussement estimé le budget de la Ville à 5,7 milliards - il est de 4,9 milliards - et quand elle a qualifié le projet de tramway, évalué à un milliard, de «pharaonique».

«En dollars d'aujourd'hui, le métro en coûterait 12, a précisé le chef de Projet Montréal. J'en conclus que vous auriez été contre ce projet à l'époque.»

Le débat d'hier soir, dont le thème le plus présent était la place des jeunes en politique, était organisé dans le cadre de la 10e École d'été de l'Université d'été de l'INM.