C'est à cause de son âge et de son allégeance indépendantiste que Michel Brûlé n'a pas été invité au débat des candidats à la mairie de Montréal vendredi prochain. C'est du moins ce que plaide son avocat dans une mise en demeure qu'il a fait parvenir ce matin aux organisateurs du débat, l'Institut du nouveau monde, et à son directeur général Michel Venne.

«Il s'est battu bec et ongles pour ne pas que je sois là, assure en entrevue M. Brûlé. On a beau vouloir me faire porter toutes sortes de chapeaux, je reste quelqu'un de posé. Je ne ferai pas d'esclandre, mais je lui ai annoncé que j'allais tout faire pour participer au débat.»

Vendredi soir, dans un pavillon de l'Université du Québec à Montréal, Marcel Côté, Richard Bergeron, Denis Coderre et Mélanie Joly croiseront le fer dans le cadre d'un débat animé par Anne-Marie Dussault. Michel Brûlé s'est vu refuser d'y participer et ce, «de façon injustifiée», argue-t-il dans sa mise en demeure.

Une chance pour tous

À l'appui de sa requête, il cite une entrevue radio de Michel Venne où ce dernier explique que Mélanie Joly, 34 ans, aurait été invitée sur le critère de son âge. M. Brûlé, qui a 49 ans, estime qu'il s'agit de discrimination à son égard.

Quant à ses allégeances indépendantistes, qu'il clame avec fougue, il note qu'aucun des candidats invités au débat ne les partage.

La course à la mairie de Montréal s'annonce fort courue, avec près d'une douzaine de candidats qui pourraient s'annoncer d'ici la date limite, soit le 4 octobre. Devrait-on tous les inviter lors des débats? Oui, estime M. Brûlé. «Au Québec, on a une mentalité égalitariste, il faut donner la même chance à tout le monde.»

Il réplique à Richard Bergeron, qui a déclaré mardi qu'il ne voyait pas la nécessité d'inviter plus de trois candidats aux débats. «C'est parce qu'il a peur.»

Quoi qu'il advienne, M. Brûlé continuera de faire campagne «à huit heures par jour», annonce-t-il. Lui qui se plaignait des difficultés à récolter des fonds sans machine électorale assure que «le financement va bien : j'en suis rendu à 8000$.»

Une question d'«équilibre»

Le directeur général de l'INM, Michel Venne, n'avait toujours pas reçu la mise en demeure en fin d'après-midi. «Je ne peux pas commenter une soi-disant mise en demeure qui ne m'a pas été signifiée, a-t-il précisé. Mais ça fait deux semaines que M. Brûlé annonce qu'il conteste la composition de notre panel. Nous avons eu l'occasion de lui répondre dans une lettre publiée sur notre site.»

Essentiellement, l'INM a tenu à limiter le nombre de candidats présents au débat pour «des raisons d'efficacité, d'équilibre entre le dynamisme et la profondeur des échanges».

«Il y a 10 ou 12 candidats potentiels. Dans un débat, c'est soit la cacophonie ou une série de cassettes.»

On a donc choisi trois des candidats qui se trouvent à la tête d'équipes constituées comprenant des élus. Quant à Mélanie Joly, c'est son statut de cofondatrice de Génération d'idées qui a justifié son invitation. «Depuis dix ans, on organise un événement jeunesse pour stimuler l'intérêt des jeunes pour les grands enjeux sociétaux. On a estimé que le profil de Mme Joly dans ce cadre était approprié.»