Qu'ont en commun la Semaine italienne, la musique blues, une mascotte bleue à pois roses et des Polonais? L'élection municipale de novembre. À trois mois du scrutin, les candidats à la mairie de Montréal ont profité de la saison des fêtes de quartier pour entreprendre leur campagne de séduction auprès des électeurs.

Samedi et dimanche, le FestiBlues d'Ahuntsic a donné lieu à un véritable festival de politiciens. Les principaux aspirants maires y ont défilé à tour de rôle afin de rencontrer des citoyens. L'événement n'est pas le seul à avoir attiré les candidats, les festivités de la Semaine italienne et la Coupe Rogers s'étant aussi retrouvées au coeur de la campagne.

Ces sorties publiques visent deux objectifs fondamentaux dans toute campagne électorale, explique Danielle Pillette, spécialiste en politique municipale de l'UQAM: se rapprocher des organisateurs et se montrer accessible auprès de la population. «C'est très important pour les candidats de rencontrer les organisateurs d'événements parce que ces gens sont très actifs dans leur communauté et ils participent beaucoup au financement des partis municipaux», dit Mme Pillette.



Se montrer accessibles


Les candidats à la mairie cherchent également à se présenter comme des gens faciles d'accès, ce qui, paradoxalement, les force à avoir un horaire chargé. «Aux élections municipales, on cherche des candidats qui nous ressemblent. Le pire ennemi d'un politicien municipal, c'est d'être perçu comme inaccessible. Les candidats doivent donc faire beaucoup d'événements», expose Mme Pillette.

La fin de semaine dernière, les principaux candidats ont d'ailleurs commencé à inonder les réseaux sociaux de photos d'eux en train de serrer des mains ou de faire l'accolade à de «simples citoyens». «Ils n'ont même plus besoin d'attendre les médias traditionnels, ils ont juste à utiliser les médias sociaux pour se présenter comme accessibles», poursuit Mme Pillette.

Cette spécialiste des affaires municipales constate d'ailleurs que le porte-à-porte est de moins en moins populaire. «C'est une vieille recette. Si ça fonctionne encore, c'est plus dans les secteurs où il y a plus de maisons unifamiliales, de propriétaires. Chez les locataires, les gens sont plus méfiants parce que le porte-à-porte est perçu comme très intrusif. Ce n'est pas bien vu. Les événements publics, c'est une façon de se rendre accessible d'une façon qui n'est pas intrusive», expose Mme Pillette.

Signe que la campagne terrain joue un rôle important, Équipe Coderre a refusé hier de fournir la liste des activités publiques auxquelles son candidat a participé, se limitant à confirmer la participation à celles dont le candidat a fait part sur son compte Twitter. «M. Coderre est très impliqué, mais on ne pratique pas de stratégie ouverte», a indiqué une porte-parole, Isabelle Perreault.

Rattrapage pour Côté

Danielle Pillette indique que cette tournée des événements publics est particulièrement importante pour Marcel Côté, dont la notoriété est bien plus faible que celle de son principal rival, Denis Coderre. À titre d'exemple, le président de Sécor compte moins de 1500 abonnés sur Twitter. En comparaison, Denis Coderre vient pour sa part de franchir la barre des 110 000 abonnés, soit 6000 de plus depuis qu'il a confirmé sa candidature, en mai.

Sans surprise, Marcel Côté a d'ailleurs été le plus actif au cours de la fin de semaine, en visitant pas moins de six arrondissements en deux jours.

Cette stratégie de multiplier les apparitions publiques a été l'un des éléments ayant fait le succès électoral de Pierre Bourque, selon Danielle Pillette. «Le maire Bourque était un expert dans ça. Il allait même rejoindre les Montréalais à l'extérieur de la ville! Je me rappelle une fois où il est allé sur un terrain de camping de la Rive-Sud où il y avait beaucoup de Montréalais.»