Un cycliste qui s'était rabattu sur le trottoir pour sa sécurité dans le funeste «tunnel de la mort» a reçu une contravention de la police. Un cas que dénonce Vélo Québec tout en rappelant que les viaducs de Montréal sont de véritables pièges pour les cyclistes.

Yannick Nolet, 35 ans, rentrait du travail en pleine heure de pointe un soir de juin. Il remontait la rue D'Iberville lorsqu'il a rejoint l'intersection du boulevard Saint-Joseph. Le tunnel à cet endroit a acquis la réputation d'être l'un des points de circulation les plus dangereux à Montréal. Au point qu'on le surnomme le «tunnel de la mort». Moins de 20 jours avant le passage de M. Nolet, un cycliste s'était grièvement blessé au même endroit.

«J'arrivais dans une pente montante, il y avait plein de voitures et pas d'espace pour moi. Alors, pour ma sécurité, j'ai décidé de faire la dernière partie du tunnel sur le trottoir», raconte le cycliste, qui est aussi automobiliste.

Quelques mètres plus loin, deux policiers à moto lui ont demandé de s'immobiliser. Ils lui ont remis une contravention pour avoir enfreint l'article 492.1 du Code de la sécurité routière, qui interdit aux cyclistes de rouler sur le trottoir.

«Cette histoire n'a pas d'allure! lance d'emblée le vice-président de Vélo Québec, Jean-François Pronovost. Il y a des endroits en ville où les cyclistes doivent contourner la loi pour sauver leur peau.»

Selon lui, de nombreux «passages inférieurs» - ces lieux souterrains qui croisent une voie ferrée ou une artère - sont dangereux pour les cyclistes montréalais. Des pistes cyclables ont déjà été aménagées, mais la plupart en sont dépourvues.

Entre-temps, la Ville de Montréal serait ouverte à l'idée de permettre aux cyclistes de rouler sur les trottoirs dans les tunnels dépourvus d'infrastructure cyclable. «Ce n'est pas idéal, surtout là où il y a beaucoup de piétons, note M. Pronovost. Mais c'est un moindre mal en attendant des pistes cyclables.»

Vélo Québec demande aussi au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) de ne pas s'acharner sur les cyclistes qui roulent sur le trottoir sous les viaducs. «On n'a jamais dit qu'on ne voulait pas de contraventions pour les cyclistes. Mais il faut aussi faire preuve de jugement dans les zones grises.»

Une porte-parole du SPVM, jointe par La Presse jeudi, semblait réticente à commenter l'affaire. «On a beaucoup parlé de vélo, dernièrement. Je ne sais pas si on a encore des choses à ajouter», a-t-elle dit avant de promettre de nous rappeler. Au moment de mettre sous presse, l'appel n'était pas venu.