Recouvrir l'autoroute Ville-Marie coûterait 1,5 milliard, selon une étude de faisabilité obtenue par La Presse. Devant les coûts 15 fois plus élevés que prévu du projet, les auteurs recommandent d'attendre l'agrandissement du Centre des congrès ou du CHUM.

En 2009, la Ville de Montréal et le ministère des Transports lançaient une étude de faisabilité pour étudier le projet de recouvrir la tranchée autoroutière qui sépare en deux le Vieux-Montréal du centre-ville. À l'époque, un responsable du MTQ évaluait sommairement à 100 millions les coûts pour recouvrir le 1,5 km d'autoroute entre Saint-Urbain et De Lorimier.

Voilà que cette étude plus approfondie des travaux nécessaires évalue qu'il en coûterait plutôt 1,1 milliard pour simplement recouvrir l'autoroute. À cette somme, il faudrait ajouter environ 400 millions pour aménager les terrains nouvellement créés.

Les espaces libérés auraient une superficie de 19 hectares, soit l'équivalent de 36 terrains de football. Trois scénarios ont été étudiés pour l'utilisation des terrains, soit l'aménagement de grands espaces publics, leur développement immobilier ou la création d'une longue promenade urbaine sans construction au-dessus de la tranchée.

Tous les scénarios étudiés indiquent que le potentiel de développement est énorme. Les édifices projetés le long de - ou carrément sur - la tranchée auraient une superficie de plancher de 980 000 à 1,1 million de mètres carrés. C'est l'équivalent de sept fois l'espace disponible dans le principal édifice de la Place Ville-Marie. Environ 5000 logements pourraient être érigés et plus d'un demi-million de mètres carrés de commerces et immeubles de bureaux.

Les retombées de ce développement seraient très importantes. Les gouvernements provincial et fédéral encaisseraient près d'un milliard en taxes. La Ville gagnerait aussi au change puisque l'ajout d'édifices lui rapporterait plus de 73 millions en impôt foncier par année.

Problèmes de transports en commun

L'étude de faisabilité souligne toutefois ne pas tenir compte de la facture pour les transports en commun. Avec l'arrivée de milliers de résidents et travailleurs, le développement qui suivrait un recouvrement promet en effet de provoquer des problèmes de congestion sur le réseau routier du secteur. Les auteurs soulignent que les projets de tramway et d'ajouts de voitures de métro planifiés pour le moment seraient «insuffisants pour la demande».

Solution moins onéreuse, le recouvrement de seulement une partie de l'autoroute, soit les 510 m entre les rues Saint-Urbain et Saint-Denis, coûterait tout de même 500 millions. Les retombées seraient également beaucoup moins importantes, puisque l'étude évalue que seulement 240 000 m2 de plancher pourraient être construit, le cinquième du projet complet.

Questionné sur le projet, le cabinet du ministre des Transports a indiqué que «le recouvrement n'est pas dans les cartons. Les coûts qui y seraient associés sont trop élevés dans le contexte actuel», indique son attaché de presse Yann Langlais-Plante.

Attendue depuis longtemps, l'étude de faisabilité avait été retardée par le projet de l'échangeur Turcot. En août 2009, l'ex-maire Gérald Tremblay avait qualifié le projet d'«investissement au rendement illimité».

Récemment, le chef du Parti libéral du Québec, Philippe Couillard, s'est prononcé en faveur du recouvrement, lors d'un discours devant la chambre de commerce du Montréal métropolitain. Celui-ci voudrait en faire un quartier de la santé.

- Avec la collaboration de Karim Benessaieh