Le patron de Secor, l'économiste Marcel Côté, annoncera au début de la semaine prochaine qu'il brigue la mairie de Montréal. Il estime être parvenu à constituer la coalition nécessaire pour barrer la route de l'hôtel de ville à Denis Coderre.

Un groupe autour de M. Côté prépare son organisation pour la mise en place d'un nouveau parti municipal - on en était à chercher un agent officiel. Depuis quelques jours, M. Côté est occupé à temps plein à discuter avec des élus de l'ex-Union Montréal et de Vision Montréal afin de présenter l'équipe, la «coalition» formée pour faire face à l'ancien député fédéral. M. Côté brigue le poste de maire, mais il est encore difficile de prédire qui serait son numéro deux, le président du comité exécutif.

Plusieurs appuis

Une étape importante a été franchie hier dans le camp Côté quand on a commencé à faire circuler l'information selon laquelle une dizaine d'élus de l'ex-UCIM appuieraient Marcel Côté. Parmi ceux-ci, Marvin Rotrand donne déjà un coup de main à M. Côté, ce que tous ont interprété comme une bénédiction explicite de Michael Applebaum. Rotrand, un conseiller de Snowdon, ancien d'Union Montréal, est l'un des vétérans à l'hôtel de ville. Il reste très influent auprès des conseillers indépendants qui ont quitté Union Montréal.

Comme maire, M. Applebaum peut difficilement annoncer ses couleurs à plusieurs semaines de la campagne. Du côté de Vision Montréal, Elsie Lefebvre, le bras droit de Louise Harel, et Réal Ménard appuieront la décision de leur chef de cautionner la coalition avec Marcel Côté en tête.

Alan De Sousa et Luis Miranda, deux acteurs importants de l'administration montréalaise, sont toujours en réflexion. En revanche, des anciens d'Union Montréal - Alain Tassé, conseiller dans Verdun, Manon Barbe, mairesse de LaSalle et Richard Deschamps - sont prêts à faire le saut avec la nouvelle coalition de Marcel Côté, indique-t-on.

Le hasard a fait que M. Coderre et M. Côté étaient réunis à la soirée-bénéfice de la radio communautaire CIBL à Montréal, hier. Pressé de questions pour savoir à quel moment il confirmerait sa candidature, M. Côté a d'abord répondu qu'il était «en réflexion» avant de laisser tomber: «Ça s'en vient.»

De son côté, M. Coderre a aussi jonglé avec les questions, préférant attendre l'annonce officielle avant de se mouiller. «Je n'ai pas de temps à perdre pour savoir qui sera contre moi ou qui se présentera», a-t-il répondu.

La candidature de M. Côté semblait toutefois un secret de polichinelle parmi les participants à la soirée-bénéfice d'hier. L'animatrice Marie-France Bazzo s'est d'ailleurs volontairement trompée en présentant Marcel Côté comme candidat à la mairie de Montréal avant de se raviser.

Richard Bergeron, chef de Projet Montréal, s'est également gardé de réagir. Il a toutefois offert un avant-goût de ce qu'il réserve à son opposant en rappelant que M. Côté avait déclaré l'an dernier, en pleine crise étudiante, que la mafia était plus démocratique que les associations étudiantes.

Un mariage délicat

Le banquier Jacques Ménard, et l'avocat Jean Masson, du PLQ, avaient dans un premier temps tenté de convaincre Raymond Bachand, l'ex-ministre libéral, puis John Parisella, issu lui aussi du PLQ. Le tandem a ensuite jeté son dévolu sur M. Côté, convaincu que sa faible notoriété n'est pas un obstacle important.

Même si M. Côté est totalement inconnu des Montréalais, sa notoriété peut augmenter très rapidement sur la scène municipale. Michael Applebaum a d'ailleurs vu la sienne croître rapidement après quelques semaines sur la place publique, explique-t-on. Selon un récent sondage CROP, le maire intérimaire a effectivement vu son taux de notoriété grimper à 88%.

Toutefois, le mariage entre les ex de l'UCIM et les agents libres de Vision Montréal doit se faire avec délicatesse. Louise Harel voit d'un bon oeil la candidature de M. Côté et il était même question qu'elle soit à ses côtés, lors du lancement de la campagne (on ciblait hier la journée de mercredi prochain). Or, un virage trop évident vers Vision Montréal est susceptible de refroidir les anciens élus de Gérald Tremblay, explique-t-on. 

«Les gens de Vision Montréal nous ont dit pendant des années qu'on était des corrompus, et Mme Harel est la mère des fusions» a spontanément lancé un ancien lieutenant de M. Tremblay. Même Marcel Côté a des choses à se faire pardonner: son rapport de 2008, commandé par la Chambre de commerce, soutenait qu'il y avait trop d'arrondissements à Montréal.