La Ville de Montréal est accusée d'avoir camouflé deux rapports d'analyse des sols contaminés lors de la construction de l'écocentre LaSalle, ce qui a provoqué un retard de plusieurs mois et un dépassement de coûts important.

L'entreprise qui a réalisé les travaux a intenté une poursuite de 2,5 millions contre la Ville de Montréal. En 2009, le Groupe Vespo a obtenu le contrat pour la construction et l'aménagement de l'écocentre, incluant l'excavation des sols contaminés.

Selon les documents déposés en Cour supérieure du Québec, la partie demanderesse (Groupe Vespo) affirme que la quantité de sols contaminés était beaucoup plus importante que ce que la Ville de Montréal avait indiqué dans son appel d'offres, en février 2009. Pourtant, la Ville était au courant de la situation, puisqu'elle avait en sa possession deux rapports d'analyse des sols, allègue-t-elle.

Au moment de l'appel d'offres, la Ville avait en main un «rapport de caractérisation des sols final», datant de mai 2008.

Au moment de l'attribution du contrat, en juin 2009, elle détenait aussi un «rapport de caractérisation environnementale complémentaire», daté du mois d'avril.

L'entreprise retenue pour la réalisation des travaux n'a reçu ces rapports qu'en juillet 2009, soit après le début des travaux. Or, il s'est avéré rapidement que la quantité de sols contaminés était beaucoup plus importante que ce qui avait été annoncé, ce qui a gonflé la facture.

La Ville «a permis que la demanderesse soumissionne sur un projet sans avoir communiqué l'ensemble des informations et des renseignements qu'elle avait sous sa garde et son contrôle et elle a conclu un contrat avec la demanderesse en sachant que les paramètres et les conditions réelles étaient différents des informations contenues dans les documents contractuels», peut-on lire dans la poursuite.

La requête précise que la firme AECOM Tecsult a rédigé les deux rapports en question. La Ville l'a également engagée comme consultant externe pour superviser les travaux.

À la commission Charbonneau, Tecsult a été nommée parmi les firmes de génie-conseil

qui auraient été impliquées dans un système de collusion à Montréal. Cette semaine, elle a été identifiée comme l'un des clients de Bernard Trépanier,

ex-directeur du financement d'Union Montréal, surnommé Monsieur 3%.

Retard dans les travaux

Selon les documents produits en cour, le lieu de décharge des sols contaminés est aussi à la source du litige avec la Ville. Le Groupe Vespo souhaitait les acheminer à un lieu de Kahnawake, qui n'est pas reconnu par le ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs. Cette condition a d'ailleurs été refusée par la Ville de Montréal. Les sols contaminés ont été acheminés, comme prescrit, au site de Montréal.

Les dépassements de coûts, attribuables notamment à l'importance des sols contaminés, ont provoqué la suspension des travaux pendant quelques semaines. D'autres retards se sont ajoutés parce que la Ville tardait à donner ses instructions, notamment en ce qui concerne un mur de soutènement et la conception du toit, affirme la partie demanderesse.

Selon le contrat, les travaux devaient durer 179 jours (six mois). Ils se sont étirés sur 750 jours, soit plus de deux ans.

La soumission initiale était de 6,1 millions (avant taxes). En cours de travaux, le conseil d'agglomération a autorisé une dépense supplémentaire de près d'un million. Le Groupe Vespo réclame une compensation additionnelle de 2,5 millions.

«Une procédure judiciaire est présentement en cours et, dans ce contexte, la Ville de Montréal ne peut formuler aucun commentaire en lien avec ce dossier», a indiqué Valérie Gagné, relationniste à la Ville

de Montréal.