L'opposition populaire au centre de compostage dans le quartier Saint-Michel a finalement trouvé écho au conseil municipal de Montréal. Dénonçant la formule de partenariat public-privé (PPP) qui pourrait être retenue, les impacts sur le voisinage et l'amputation de ce qui deviendra le deuxième parc de la métropole en superficie, des élus ont réussi à obtenir de justesse un débat d'urgence au conseil, aujourd'hui.

La motion déposée hier après-midi par la mairesse indépendante Anie Samson pour la tenue d'une séance plénière et d'information a recueilli un nombre égal de voix pour et contre. Pour la première fois depuis qu'il est en poste, soit juin 2011, le président du conseil municipal, Harout Chitilian, a dû trancher et l'a fait en faveur de la demande. «Je m'étais préparé depuis deux ans... Le rôle du président est de faire perdurer le débat», a-t-il expliqué.

Un possible PPP décrié

D'entrée de jeu, la conseillère indépendante d'Ahuntsic-Cartierville Jocelyn Ann Campbell a jeté un pavé dans la mare en accusant l'administration Applebaum d'opter en douce pour une formule de PPP. Selon les documents décisionnels, il y aura effectivement un appel d'offres pour une partie des activités du centre de compostage au Complexe environnemental Saint-Michel.

Alors que le conseil municipal doit voter aujourd'hui sur un changement de zonage qui permettrait au projet d'aller de l'avant, Mme Campbell a dénoncé en point de presse le fait que «le comité exécutif mette la charrue avant les boeufs». Elle craint que l'embauche d'une entreprise privée empêche tout contrôle sur les activités du centre, qui compostera 29 000 tonnes de résidus végétaux par année.

Toujours pas de décision

Josée Duplessis, responsable de ce dossier au comité exécutif, assure que «la décision n'est pas encore prise».

Les installations appartiendront bel et bien à la Ville, mais on ne sait pas encore si ce sont des cols bleus ou des employés du privé qui en assureront la gestion. «Tout est fait de façon transparente, a-t-elle déclaré. On va déposer toutes les informations complémentaires, mais on doit aller de l'avant: pour profiter des subventions de Québec, il faut avoir un site.»