Plus de 3400 résidants, 35 000 travailleurs, des millions de touristes, mais une personnalité encore floue: le Vieux-Montréal a impérativement besoin de se redéfinir, conclut un groupe d'experts qui se sont penchés à son chevet, hier, lors d'un forum organisé par l'Office de consultation publique de Montréal.

Cette activité est la première des rencontres que tiendra l'organisme cet hiver sous le thème «Faire du neuf avec le Vieux». Le comité exécutif a soumis à la consultation publique une soixantaine de mesures pour revitaliser le Vieux-Montréal, en vue du 375e anniversaire de la fondation de la métropole. On veut notamment «améliorer» la place Jacques-Cartier, revitaliser la rue Notre-Dame et mettre en place un lieu d'accueil «convivial et sécuritaire» à partir de la station de métro Champ-de-Mars.

Contrairement aux quartiers historiques de Paris ou de Londres, celui de Montréal a peu à peu perdu son statut de centre économique et politique, ce que les urbanistes qualifient de «centralité déplacée». Mais depuis une quinzaine d'années, il recommence à attirer les résidants. Selon les statistiques fournies par la Ville, à peine 855 personnes y habitaient en 1971. Elles sont maintenant 3478 - plus de 6011 si l'on y inclut les faubourgs.

Redéfinir sa personnalité

«Le Vieux-Montréal est en voie d'avoir une population suffisante pour devenir un vrai quartier», estime l'urbaniste Marie Lessard. Ces nouveaux résidants, par contre, engendrent de nouvelles frictions, compte tenu de la vocation essentiellement touristique du secteur. «Le Vieux-Montréal entre dans une nouvelle phase, dit André Delisle, directeur général et conservateur du Château Ramezay. Son atout, c'est son historicité, c'est le coeur de Montréal. Mais le coeur n'est pas le seul organe d'un corps: il ne s'agit pas de faire du neuf avec du vieux. Choisissons-lui une personnalité, mais évitons le dédoublement de personnalité.»

La consultation se poursuit ce soir, sur le thème de la cohabitation entre le milieu de vie et la destination touristique.