Il y a actuellement à Montréal 10 000 véhicules de plus qu'en 1999. Mais surprise: une fois les ponts franchis, il n'y a pas plus de gens sur les autoroutes. Où sont-ils? «Sur des routes secondaires», répond Daniel Bouchard, responsable des campagnes de transport au Conseil régional de l'environnement de Montréal.

«Dans d'autres villes, poursuit-il, il existe des règles claires sur l'acceptabilité du débit d'automobiles. À Ottawa, par exemple, on a décidé qu'une rue résidentielle ne doit pas voir passer plus de 100 véhicules à l'heure. À ma connaissance, à Montréal, le seul arrondissement qui s'est doté d'une politique sérieuse sur le sujet est Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce.»

Ce que donne une telle affluence? Beaucoup de maux de tête aux résidants, mais surtout, beaucoup d'accidents.

De 1999 à 2008, à Montréal, 6775 enfants (en voiture, à pied ou à vélo) ont été blessés dans des accidents de la circulation à Montréal. Et l'on ne parle pas ici de petits accidents de rien du tout, mais bien d'accidents ayant nécessité une ambulance.

Ces données préoccupent au premier chef Patrick Morency, médecin-conseil spécialisé dans la prévention des traumatismes à la direction de la santé publique de Montréal. «Dans un arrondissement comme Hochelaga-Maisonneuve, les deux tiers de la circulation sont le fait de travailleurs qui vont au centre-ville ou en reviennent. De façon générale, il faut diminuer le volume de circulation et développer les transports collectifs à haute capacité.»

D'ici là, il note que, pour ce qui est de la sécurité, les mesures d'atténuation de la circulation - tels les trottoirs en saillie - fonctionnent bel et bien. «À Outremont, de telles mesures ont réduit le nombre de blessés.»

Ce qui l'exaspère, c'est que, malgré l'évident excès de véhicules, «la construction immobilière à Montréal et dans les environs s'est faite de façon anarchique depuis une dizaine d'années. En gros, on continue de remplir des quartiers de maisons et on construit des routes et des autoroutes vers les lieux de travail, en une totale ségrégation des fonctions.»