Toiture qui fuit, ventilation défectueuse, espace restreint: la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) n'a plus le choix et doit apporter de grands changements. L'immeuble de la rue Jean-Talon, utilisé au maximum, ne peut plus répondre aux besoins des 14 000 bêtes qui y séjournent durant l'année.

Vu de l'extérieur, le 5215, rue Jean-Talon Ouest semble banal. Une fois la porte d'entrée franchie, une forte odeur imprègne les lieux. Au premier étage, une vingtaine de chiens, confinés dans des espaces clos, cohabitent dans une petite salle. Au sous-sol, les cages contenant des dizaines de chats, de lapins et de rats sont entassées les unes sur les autres, faute de place.

«Nous avons exploité à l'excès ce bâtiment et nous avons besoin d'un nouvel endroit pour nos animaux», explique le directeur général de la SPCA, Nicholas Gilman.

Accompagné de son fidèle acolyte Nautic, un pitbull gris, M. Gilman admet que les dernières années n'ont pas été faciles pour son organisme. Le nombre d'animaux abandonnés et trouvés dans les rues n'a cessé d'augmenter depuis trois ans, et les installations en ont pris un coup.

Sur le toit, les multiples bouches de ventilation sont trop vieilles et certaines ne fonctionnent plus du tout. «La qualité de l'air n'est pas idéale, déplore Alanna Devine, avocate et porte-parole de la SPCA. Avec un nouveau bâtiment, il faudra des équipements plus modernes pour répondre aux normes.»

Le directeur général estime que la mise aux normes pourrait coûter jusqu'à un demi-million de dollars. Un déménagement semble donc plus sage, explique Nicholas Gilman.

De nombreux déménagements

Fondée en 1869 par un groupe de militants canadiens, la SPCA est la première société dite «humanitaire» à avoir vu le jour en Amérique du Nord. À l'époque, la mission principale de l'organisme était de protéger les chevaux contre l'abus et l'exploitation.

Au cours du XXe siècle, la SPCA a changé plusieurs fois de locaux. En 1928, le refuge, surpeuplé - un peu comme aujourd'hui -, a quitté la rue de Montigny Est pour la rue Saint-Jacques. Il a de nouveau changé de place en 1955 pour s'établir rue Namur, aujourd'hui Jean-Talon. Trente ans plus tard, comme la qualité sanitaire des lieux laissait à désirer, il a fallu démolir l'immeuble pour en construire un nouveau. Il semble donc que l'histoire se répète.

Avec plus de 10 000 animaux chaque année, il fallait s'y attendre, indique M. Gilman. «Nous avons décidé de toujours accepter les animaux, même si certaines personnes s'en débarrassent pour des raisons inacceptables. Ils sont mieux avec nous que dehors, abandonnés dans la rue. Ça, on ne tolère pas.»

Quant à Mme Devine, elle estime que la SPCA doit à tout prix élire domicile ailleurs à Montréal, car le secteur ne convient pas aux animaux. La circulation sur le boulevard Décarie et le bâti très dense ne leur laissent pas beaucoup de liberté. «On a besoin d'un espace vert, d'un grand terrain pour que les chiens puissent courir», explique-t-elle.

Les Montréalais devront donc se faire généreux: en 2013, la SPCA lancera une importante campagne de financement pour la construction d'un nouveau bâtiment.

La SPCA aura là une chance en or de se réinventer, ajoute Nicholas Gilman. «Nous devons repenser le type de refuge que nous voulons offrir. Il n'est pas simplement question de déterminer le nombre de cages manquantes, mais d'accommoder nos animaux le mieux possible.»

La SCPA en chiffres:

> 14 000 animaux (chiens, chats, lapins, rats, oiseaux, furets) ont été accueillis en 2012 (2000 de plus qu'en 2010).

> En moyenne, 75% des chiens et 71% des chats secourus trouvent une maison d'adoption.

> Chaque année, en moyenne, 14% des chiens trouvés dans les rues sont euthanasiés. Ces chiens ont des comportements trop agressifs ou une maladie trop complexe pour les vétérinaires de la SPCA.

> La SPCA a 83 employés salariés, à qui plus de 100 bénévoles prêtent main-forte.

> Le 1er juillet, en raison des multiples déménagements, est le jour de l'année où la SPCA est le plus sollicitée. Selon son directeur général, 97% des propriétaires n'acceptent pas les locataires qui ont des animaux de compagnie. Les gens sont donc forcés de s'en défaire.