Le projet-pilote d'un an qui donnait un nouvel horaire de travail aux 4000 policiers du SPVM ne sera pas reconduit le mois prochain. Le directeur, Marc Parent, en a fait l'annonce officielle cet après-midi, d'abord à ses cadres, puis à tous ses policiers.

Selon M. Parent, si le nouvel horaire a permis une plus grande présence policière durant certains quarts de travail, notamment le soir, il fragilise d'autres secteurs ou y crée des lacunes en plus d'occasionner des coûts supplémentaires, qu'il a évalués sommairement à 2 millions de dollars. «Nous sommes dans une situation économique extrêmement exigeante qui nous place devant certains défis», a-t-il dit à La Presse.

Une partie de ces coûts supplémentaires provient du fait que les patrouilleurs de nuit, qui travaillent sept jours d'affilée suivis de sept jours de congé, sont parmi ceux qui donnent le plus de constats d'infraction; ils doivent donc continuellement aller témoigner en cour durant leurs journées de congé.

Le nouvel horaire, entré en vigueur le 19 janvier pour la gendarmerie et au début de l'automne pour les enquêteurs, était loin de faire l'unanimité du côté des cadres. Les enquêteurs travaillaient selon un horaire atypique de trois jours et demi par semaine. Après un constat d'échec, il a pris fin le 9 décembre et n'aura donc été en vigueur que durant 70 jours dans les différents modules d'enquête.

«On a constaté que le nouvel horaire ne répondait pas aux besoins opérationnels des enquêtes», a admis M. Parent.

Il y a quelques jours, les élus de la Ville de Montréal ont exprimé leur opposition à ce nouvel horaire de travail, mais la Fraternité des policiers et policières de Montréal, qui a fait publier une pleine page de publicité dans La Presse ce matin pour vanter ses mérites, le défend bec et ongles.

M. Parent souhaite maintenant discuter de nouveau des horaires avec la Fraternité.

«L'objectif est de revenir à l'horaire de travail de huit heures et demie par jour, comme c'était le cas depuis 33 ans», a indiqué le chef Parent.

«Depuis deux ans, nous avons réglé plusieurs dossiers avec le syndicat, et la meilleure façon est de continuer à travailler en partenariat et de façon paritaire, pas dans l'affrontement», a-t-il conclu.

En furie

«On ne laissera pas passer ça», a affirmé de son côté le président de la Fraternité des policiers, Yves Francoeur.

«Il n'y a aucune personne assez intelligente à Montréal qui me dira que l'horaire de 1978 est encore le meilleur, alors qu'il n'y avait pas autant de policières à l'époque qu'il y en a aujourd'hui et que des études démontrent que l'alternance entre des quarts de travail de nuit, soir et jour est la pire affaire pour un policier», a ajouté le chef syndical.

«Ils disent n'importent quoi lorsqu'ils parlent d'une facture de 2 M$. S'il n'y avait pas eu de 20 à 25% de plus de policiers sur le quart de soir durant les 683 manifestations que nous avons eues en 8 mois, cela aurait coûté beaucoup plus cher en temps supplémentaire», a-t-il poursuivi.

Selon M. Francoeur, des sondages internes et externes démontrent que 80% de ses membres sont satisfaits du nouvel horaire et considèrent que les services à la population se sont améliorés.

«Ils sont de mauvaise foi. Ça fait déjà un mois que des cadres disent à leurs policiers que le nouvel horaire ne sera pas renouvelé. Ils basent leur décision sur le point de vue de 33 cadres. Ce n'est pas de notre faute s'ils sont incapables de gérer et de s'adapter», a-t-il conclu, laissant présager un retour des tensions entre la Fraternité et la direction du SPVM.