La Place Bell n'est plus un projet à 120 millions de dollars. Contrairement à ce qu'assurait encore en début de semaine le nouveau maire de Laval, Alexandre Duplessis, le coût de construction sera plutôt d'environ 150 millions. La raison principale: les diverses «bonifications» réclamées par les partenaires privés, Bell et evenko.

Ceux-ci ont notamment obtenu l'ajout de 20 loges d'entreprise aux plans initiaux - il y en aura 40 finalement - et un tableau indicateur à la fine pointe de la technologie. Ces améliorations seront financées à même leur part déjà prévue, soit 32 millions. Québec, pour sa part, versera 46 millions.

C'est la part de Laval qui a considérablement augmenté. Elle devait être de 42 millions, comme l'avait précisé à plusieurs reprises l'ex-maire Gilles Vaillancourt, notamment en présentant son montage financier le 13 février dernier. Elle est maintenant à 73,6 millions, comme l'annonçait un communiqué publié en milieu de semaine. L'argent a été versé à un organisme à but non lucratif, la Cité de la culture et du sport de Laval, le maître d'oeuvre du projet en vertu du protocole signé cette semaine.

Son porte-parole, Jean Gosselin, le reconnaît: «Oui, ce sera un projet de 120 millions, plus 32 millions en bonifications demandées par le promoteur. Ce sont des équipements qui n'étaient pas nécessaires dans le projet initial, mais ça va ajouter certains éléments qui permettent d'avoir un meilleur projet.»

120 millions... publics

La Place Bell comprendra un aréna de 10 000 places pouvant être utilisé comme salle de spectacle, une patinoire olympique avec 2500 sièges et une autre, communautaire, pour 500 spectateurs. Curieusement, le porte-parole maintient que «ça reste un projet de 120 millions, c'est ce qui va être écrit dans les appels d'offres». Même réticence du côté de la Ville de Laval, où on se défend d'avoir augmenté le coût du projet. «Les investissements publics, soient ceux du gouvernement provincial et de la Ville de Laval, totalisent effectivement 120 millions, tel que nous l'avons déjà mentionné, affirme Nadine Lussier, porte-parole. Ces investissements publics sont bonifiés par les montants investis par evenko.»

Le 26 novembre dernier, devant la Chambre de commerce de Laval, le nouveau maire Alexandre Duplessis assurait pourtant que «l'enveloppe est fermée à 120 millions.» Nulle distinction n'était faite entre la provenance privée ou publique des fonds.

Au conseil municipal, lundi soir dernier, il a réitéré sa promesse qu'il n'y aura pas de dépassement de coûts. «On veut que le projet soit suspendu, dit David De Cotis, porte-parole du Mouvement lavallois, un parti d'opposition. M. Duplessis n'a pas été transparent en ce qui concerne le coût. Il nous a carrément menti. Soit il n'était pas au courant des vrais coûts, ou il a changé son discours en 48heures.»

Robert Bordeleau, du Parti au service du citoyen, a par ailleurs annoncé avoir déposé une plainte officielle auprès du ministère des Affaires municipales. Il demande l'annulation de l'entente liant Laval et Bell-evenko et le lancement d'un nouvel appel d'offres.