Avant d'être nommé directeur général de la Ville, Guy Hébert a été impliqué dans un rude conflit avec plusieurs cadres municipaux, sur qui il exerçait d'énormes pressions afin qu'ils paient les travaux réalisés par Construction Frank Catania au Faubourg Contrecoeur malgré de nombreuses irrégularités. Aujourd'hui, ceux qui s'étaient opposés à lui ont été mutés.

«Tous ceux qui se sont opposés à Guy Hébert dans le Faubourg Contrecoeur ont perdu leur job», résume une source.

En 2008, La Presse a révélé comment la SHDM avait vendu le terrain du Faubourg Contrecoeur pour une bouchée de pain à Catania, qui devait y bâtir un complexe d'habitation. La SHDM avait consenti une aide financière de 15,8 millions à Catania pour construire les infrastructures (égouts, rues, etc), sans en avoir le droit. Plusieurs personnes sont maintenant accusées au criminel dans cette affaire.

À la rescousse

Gérald Tremblay a nommé Guy Hébert à la tête de la SHDM à la fin de 2008, dans la foulée du scandale. Hébert a réussi à relancer le projet.

Comme le prévoyait l'entente avec le promoteur, la SHDM avait avancé des millions à Catania pour bâtir les infrastructures et elle devait maintenant se faire rembourser par la Ville.

Mais plusieurs cadres étaient sur leurs gardes en raison du parfum de scandale qui entourait le projet. Rachel Laperrière, directrice générale de la Ville par intérim, Arnold Beaudin, directeur du service de développement et des opérations, ainsi que Johanne Falcon, directrice des travaux publics, ont résisté.

Falcon et Laperrière ont averti Guy Hébert: pas question de payer sans avoir vérifié que les travaux avaient été faits sans gonflement de coûts.

Hébert restait sourd à leurs arguments et poussait pour que la Ville rembourse vite la SHDM. Il exerçait une pression inouïe, ont confié plusieurs sources.

«Guy Hébert nous pressait, il disait que ça prenait trop de temps», raconte un informateur.

Liée par les ententes passées, la Ville a finalement dû payer la facture. Mais les fonctionnaires n'avaient pas dit leur dernier mot.

Malgré l'impatience d'Hébert, qui voulait que la SHDM soit remboursée tout de suite, La Presse a appris que Johanne Falcon a lancé ses ingénieurs dans la mêlée. Ils ont pris le temps de passer au peigne fin les factures présentées par Catania. Et ils ont découvert des irrégularités.

La Presse a obtenu certains rapports des ingénieurs municipaux. Ils sont lapidaires et font état de centaines de milliers de dollars facturés en trop. Seulement pour les égouts, ils ont recommandé un ajustement de 861 000$.

Temps difficiles

Ceux qui ont résisté à Guy Hébert ont été déplacés lorsqu'il a été nommé directeur général de la Ville.

Arnold Beaudin s'est retrouvé au Technoparc. Johanne Falcon aux immeubles. Rachel Laperrière, après une rétrogradation, est partie pour devenir sous-ministre de la Culture. Michèle Giroux, ex-cadre qui avait remis en question les façons de faire de la SHDM, est à la recherche d'un nouveau poste.

Certaines de ces personnes ont eu la vie très dure au cours des derniers mois, selon nos sources. Guy Hébert n'est pas d'accord. Selon lui, celles qui ont été déplacées ont d'intéressantes perspectives d'avenir.

Hébert ne regrette rien. «Les gens ont dit: "On bloque tout!" Comme gestionnaire de la SHDM, c'est sûr que j'ai tiré fort parce que je me dirigeais vers un déficit», dit-il.

A-t-il mis trop de pression?

«Beaucoup de pression... Après huit rencontres avec des gens qui sont supposés avoir des solutions d'une fois à l'autre, on devient impatient. Quand ils viennent en réunion et qu'ils sont 12, ça tombe sur le gros nerf!» lance-t-il.