Près d'une centaine de propriétaires et employés de restaurants ont manifesté cet après-midi devant la Place des Arts, à Montréal. Ils dénoncent la nouvelle taxe rétroactive sur l'alcool, qui nuira à plusieurs d'entre eux, croient-ils.

Cette taxe les oblige à dresser un inventaire précis du contenu de leur cave et à verser 17 cents par bouteille de vin et 50 cents par bouteille de spiritueux. Même celles qui ont été achetées il y a 5, 10 ou 20 ans.

«Nous avons acheté ces bouteilles à un prix convenu. C'est une dépense imprévue, sur des bouteilles qui ne sont pas encore vendues. Les gens croient que les restaurateurs ont un important cashflow à leur disposition, mais ce n'est pas le cas», déplore Michel Charette, copropriétaire des Trois Petits Bouchons, rue Saint-Denis.

«J'ai un petit resto. Je ne connais aucun restaurateur hyper riche, sauf les dirigeants de grandes chaînes ou ceux qui possèdent des immeubles et font dans l'immobilier. Normand Laprise, deToqué!, il roule en Honda Civic. On fait ça parce qu'on adore faire de la bonne cuisine. On fait ça pour les gens et pour faire rayonner la culture montréalaise», dit Dave McMillan, copropriétaire de Joe Beef.

Il trouve que, en se tournant vers les restaurants pour récupérer quelques millions de dollars, le gouvernement a choisi une issue trop facile.

«Mme Marois dit que son gouvernement sera axé sur la culture. Eh bien, ce qui amène les touristes à Montréal, ce n'est pas la corruption ni ses belles routes, ce sont ses bons restos, parmi les meilleurs en Amérique du Nord. C'est ça, la culture montréalaise. On trouve que le citron a été assez pressé. On s'est fait imposer les compteurs d'eau et d'autres choses. La taxe, on va la prendre, mais on va devoir refiler la facture aux clients. Ça va devenir plus cher, même plus qu'à New York», déplore encore le bouillant chef.

Michel Charette dit que si la taxe n'était pas rétroactive, ça passerait encore.

«Les gens qui ont voté pour cette taxe et les gens qui entreposent de gros stocks de vin au Pied-du-courant, dans les caves de la SAQ, ils ne paieront pas de rétroactivité sur leurs bouteilles. Ce n'est pas juste», conclut-il.

Les manifestants sont entrés dans le complexe Desjardins, où se trouvent les bureaux du ministère du Revenu, et en sont ressortis dans le calme.