Son parti a implosé, son mentor Gilles Vaillancourt a démissionné dans la tourmente et les perquisitions se poursuivent dans la ville qu'il s'apprête à diriger. Qui est Alexandre Duplessis, le nouveau maire de Laval?

Alexandre Duplessis est d'abord et avant tout un entrepreneur, un fils d'entrepreneur et un neveu d'entrepreneur - ses oncles possèdent Lavallée et Frères, une entreprise de construction et de déneigement qui a décroché plusieurs contrats à Laval au fil des ans.

En entrevue, dès que ce dernier détail est évoqué, il s'empresse de préciser que cela ne l'a jamais placé en conflit d'intérêts, que ce lien de parenté a toujours été connu, que ces oncles-là font affaire avec Laval et la couronne nord depuis plusieurs décennies déjà et que de toute façon, il ne les voit qu'une fois par année ou à peu près, «à Noël et à la fête de ma grand-mère».

Alexandre Duplessis n'était pas encore nommé qu'il avait déjà à répondre à d'autres questions. Ainsi, n'est-il pas celui qui, en 2008, a proposé à ses collègues la vente d'un terrain à Placements Rizzuto pour la somme de 463 000 $, terrain qui a rapidement été revendu avec un profit de 1,2 million? Au sujet de cette transaction, qui fait actuellement l'objet d'une enquête à la Sûreté du Québec, M. Duplessis admet que ce terrain se trouvait dans son quartier - Saint-Martin - et qu'à l'époque, son appui lui apparaissait «à 100 % acceptable». «On s'est rendu compte par la suite qu'il manquait certaines informations pertinentes. [Si on l'avait su], on ne serait jamais allés de l'avant.»

Prendre ses distances de Gilles Vaillancourt

Mais surtout, il y a cette proximité avec l'ex-maire Vaillancourt qu'il décrivait comme son mentor en 2008, sur un site internet. Aujourd'hui, Alexandre Duplessis prend ses distances... en partie.

Chez Gilles Vaillancourt, «il y a ce côté sombre que je ne cautionne pas du tout et que je ne comprends pas, dit-il, et il y a ce côté visionnaire, qui transparaît dans sa gestion serrée des finances. Il est aussi cette personne qui a beaucoup travaillé sur le terrain et qui a développé la ville. Et sur ce point-là, il m'a appris des choses.»

Alexandre Duplessis raconte avoir été repêché en 2005 par le maire Vaillancourt alors qu'ils fréquentaient les mêmes cercles. «J'ai lancé la Jeune chambre de commerce de Laval, j'étais aussi engagé dans des conseils d'administration de fondations, et je le croisais souvent dans des soirées», évoque-t-il.

N'est-il pas devenu le dauphin de l'ex-maire? Cela s'est beaucoup dit ces derniers jours et il s'en étonne. «Peut-être est-ce parce que je suis le plus jeune conseiller municipal [de Laval]», avance-t-il.

»Une équipe différente»

Mais comment les citoyens peuvent-ils avoir confiance en lui alors qu'hier encore lui, Gilles Vaillancourt et la totalité des conseillers municipaux affichaient le plus uni des fronts? «Il y a une distinction très importante entre hier et demain. Pour moi, demain, c'est le nouveau Laval. [...] C'est la poursuite d'une vision, mais avec une équipe totalement différente», une équipe désormais composée de 21 conseillers indépendants, insiste-t-il.

Mais c'est M. Duplessis et les mêmes 21 personnes... «Certes, oui, mais ils n'appartiennent plus à un seul parti et ils fonctionnent déjà comme s'ils formaient de «mini-oppositions»», dit M. Duplessis. En font foi, illustre-t-il, les dissensions provoquées par sa candidature.

Parmi ceux qui s'opposaient se trouve la conseillère Michèle des Trois Maisons qui pense vraiment les pires choses de lui. «C'est un prétentieux qui n'en a que pour la notoriété», dit-elle.

Pour Mme des Trois Maisons, il n'a ni l'expérience, ni l'envergure requise pour le poste et il ne se retrouverait jamais maire s'il n'avait pas été le protégé de Gilles Vaillancourt.

Cette proximité d'Alexandre Duplessis avec Gilles Vaillancourt était aussi évidente pour Guy Garand, directeur général du Conseil régional de l'environnement de Laval (CRE). Pendant un temps, M. Duplessis a siégé à un comité du CRE et lui et M. Garand se croisaient dans des activités officielles. «Il était tout le temps collé sur le maire.»

Pareille proximité ne l'autorisait pas pour autant à avoir son mot à dire, signale M. Garand. «Gilles Vaillancourt régnait en roi et maître, il avait une mainmise totale sur la ville qui était sous le coup d'une réelle omertà.»

Mais tout cela, c'est fini, selon M. Duplessis. Il n'entend pas se contenter d'un intérim, il n'y a aucun doute dans son esprit. En novembre 2013, il sera candidat à la mairie.