Le sous-ministre André Lavallée, ancien bras droit de Gérald Tremblay, assure qu'il n'a jamais été informé d'actes de collusion et de corruption à Montréal. Il a constaté des dépassements de coûts «à plusieurs reprises» et a «posé des questions». Mais, à la lumière des révélations de la commission Charbonneau, il conclut qu'il a été trompé, qu'on ne lui pas donné les «bonnes réponses».

Trompé par qui? Il refuse de montrer du doigt des responsables dans l'appareil administratif. La commission Charbonneau fera la lumière sur cette affaire, plaide-t-il. Il a d'ailleurs rencontré les enquêteurs à deux reprises, pendant quatre heures.

Le ministre responsable de la métropole, Jean-François Lisée, a exceptionnellement levé aujourd'hui le devoir de réserve de son sous-ministre, sous le feu des critiques de l'opposition. Il s'est présenté devant la presse parlementaire en compagnie de M. Lavallée pour condamner la «chasse aux sorcières» et la «partisanerie crasse» des libéraux et des caquistes.

André Lavallée a été maire de l'arrondissement de Rosemont-La Petite-Patrie et membre du comité exécutif de la Ville de Montréal de 2005 à 2009. Il a été par la suite directeur du cabinet de Gérald Tremblay pour l'arrondissement de Ville-Marie. Libéraux et caquistes lui reprochent d'avoir été au comité exécutif de la Ville lors de l'adjudication de contrats «truqués».

«D'aucune façon, à aucun moment je n'ai été informé de l'existence d'un pattern, encore moins d'un pattern de collusion et de corruption», a affirmé M. Lavallée. Selon lui, aucun élu ne savait non plus que des fonctionnaires travaillaient «main dans la main avec le crime organisé».

«On a constaté à plusieurs reprises, sur la base de rapports produits par l'administration et la direction générale de la Ville, des augmentations de coûts dans certains contrats, a-t-il relaté. Chaque fois, ça a été questionné. On nous a répondu tantôt des augmentations de coûts et l'essence, du coût de l'acier, on a justifié de toutes sortes de façons. Avec le recul, avec ce qu'on apprend à la commission Charbonneau, on est peut-être à même de constater que ce ne sont pas nécessairement les bonnes réponses qui ont été fournies aux élus, au contraire.»

André Lavallée dit être intervenu lors du scandale sur les compteurs d'eau au début de 2009. «Je suis allé voir le maire et mes collègues pour dire enough is enough, il faut détruire cette entente, il y a quelque chose dans tout ça qui ne sent pas bon pantoute», a-t-il dit. Il a menacé de démissionner, mais il a renoncé à passer de la parole aux actes lorsque M. Tremblay a annulé le contrat six mois plus tard, en septembre, à la suite du dépôt d'un rapport du Vérificateur général.

Il n'avait jamais vu les rapports datant de 2004 à 2010 qui ont été dévoilés lundi et qui démontrent que la Ville paie ses travaux d'infrastructure trop cher. L'opposition lance selon lui des «allégations sans fondement» à son sujet.

De son côté, Jean-François Lisée a réitéré sa confiance en André Lavallée. Son sous-ministre a été «parmi les premiers à sonner l'alarme» à Montréal, a-t-il dit. Il a vanté les compétences de M. Lavallée, le «père du BIXI», notamment.