Les manoeuvres électorales douteuses ne sont pas l'apanage de la Ville de Montréal ou de ses couronnes.

Lors des élections municipales de novembre 2009, la communauté juive sépharade de Côte-Saint-Luc a été au centre d'une partie de bras de fer qui s'est conclue par une grave violation de la loi électorale, selon une décision de la Cour du Québec rendue le mois dernier.

Charles Chalom Lugassy, un candidat au conseil municipal, a tenté de pousser une opposante à abandonner la course en échange d'un avantage financier, a tranché la juge Johanne White. M. Lugassy et Sonia Cohen, la candidate en question, sont tous deux issus de la communauté juive sépharade de cette municipalité de l'ouest de l'île.

C'est le Directeur général des élections du Québec (DGEQ) qui a déposé des accusations contre Charles Chalom Lugassy.

«Il va falloir que tu te désistes. Pourquoi tu te désistes pas? On a une organisation, on va te payer tes frais», aurait affirmé M. Lugassy à Mme Cohen à quelques jours du scrutin, selon le témoignage de cette dernière. La Cour a estimé que ce témoignage était «crédible», alors que la version de M. Lugassy était «invraisemblable, truffée de conjectures farfelues et nullement supportée par la preuve».

Au centre du débat: le vote de leur communauté. Selon la soeur de Mme Cohen, M. Lugassy a «déplor[é] le fait que deux candidats de la même communauté divise le vote sépharade». Des leaders de la communauté auraient demandé «qu'un des deux candidats se désiste» et auraient souligné «qu'une femme n'a aucune chance de se faire élire», a relaté Sonia Cohen dans son témoignage.

Au final, aucun des deux candidats n'a été élu. Charles Chalom Lugassy devrait connaître sa peine sous peu.

Comme il a été jugé coupable d'avoir commis une «manoeuvre électorale frauduleuse», il perdra le droit de voter ou de se présenter à une élection pendant une durée de cinq ans. Il risque aussi une amende pouvant atteindre 1000$.