Les rues peu déneigées du Plateau-Mont-Royal pourraient bientôt être chose du passé. La Ville de Montréal compte profiter de la réforme du financement des arrondissements pour les obliger à offrir un minimum de services à leurs citoyens.

L'administration Tremblay propose de revoir l'ensemble des services offerts par la Ville, du déneigement à la collecte des ordures en passant par les bibliothèques et les parcs. Selon cette proposition, les arrondissements seraient tenus de consacrer 80% de leur budget aux services de base. Les 20% restants de leur budget pourront ensuite servir à offrir des services supplémentaires, explique le président du comité exécutif, Michael Applebaum.

«Un arrondissement pourra décider de mettre des agents de sécurité dans ses parcs, tandis qu'un autre pourra augmenter ses contributions aux organismes communautaires, ouvrir un centre communautaire ou mettre du sel plus souvent sur ses trottoirs», explique le bras droit du maire.

Rééquilibrage

L'administration Tremblay a lancé au début de l'année un imposant chantier pour revoir le financement des 19 arrondissements de Montréal. Déjà, le budget 2013, officiellement déposé le 30 octobre, prévoit un certain rééquilibrage, mais l'exercice doit être terminé seulement pour l'année suivante.

À un an des élections, l'administration Tremblay veut profiter du partage du financement pour mettre fin au déséquilibre des services dont plusieurs citoyens se plaignent. «Est-ce normal qu'on circule dans la Ville de Montréal et que certains territoires ne soient pas déneigés alors qu'il le sont ailleurs?», s'indigne Michael Applebaum.

Plus de 10 ans après les fusions, le président du comité exécutif reconnaît que le mariage n'a pas complètement été consommé à Montréal. Plusieurs services se dédoublent d'un arrondissement à l'autre. Il cite l'exemple du marquage des rues, réalisé par Rosemont-La Petite-Patrie pour les 9 arrondissements issus de l'ancienne ville de Montréal, mais par le privé pour les 10 autres villes fusionnées. «On a souvent deux systèmes en place pour toutes sortes de choses», déplore Michael Applebaum.

Ces systèmes en parallèle peuvent finir par coûter cher. Michael Applebaum donne l'exemple de la réparation des véhicules. Un arrondissement peut décider de faire affaire avec le privé pour économiser, mais de l'autre, la ville centre risque de payer des cols bleus à se tourner les pouces, privés de véhicules à entretenir.

Arrondissements responsables

Par ailleurs, la Ville de Montréal tentera de profiter de cette réforme pour se «protéger» des décisions prises par certains arrondissements. Mécontents de voir le Plateau Mont-Royal interdire les panneaux-réclames sur son territoire, les géants de l'affichage poursuivent Montréal depuis un an. Michael Applebaum ne comprend pas pourquoi tous les Montréalais auraient à payer pour une décision prise localement. «Si le service du contentieux nous dit qu'on s'expose à une poursuite et qu'on dit qu'on n'est pas d'accord avec ça, il faut que l'arrondissement prenne ses responsabilités. Ce ne sont pas tous les contribuables qui sont responsables.»