Montréal a tout intérêt à encourager plusieurs formes d'agriculture urbaine, comme la plantation d'arbres fruitiers et l'encouragement aux serres commerciales sur les toits, mais devrait avancer plus prudemment pour ce qui est de l'élevage, notamment des poules.

En savoir plus: le rapport de l'OCPM (PDF)

C'est ce qui ressort du rapport de consultation publique sur l'État de l'agriculture urbaine à Montréal, publié ce matin.

Ce rapport a été réalisé par l'Office de consultation publique de Montréal fait suite au premier exercice du nouveau « droit d'initiative » qui permet aux citoyens de provoquer la tenue d'une consultation publique. Dans ce cas, 25 000 signatures avaient été recueillies à l'appui de la demande.

L'OCPM constate que « l'agriculture urbaine à Montréal est un phénomène d'une ampleur sous-estimée, qui implique un très grand nombre de Montréalais et répond à des besoins multiples de santé, d'intégration sociale, de lutte à la pauvreté et de développement durable ».

« La commission est donc profondément convaincue que l'agriculture urbaine est un sujet important auquel la Ville doit s'intéresser », affirme-t-on.

Montréal est déjà un leader nord-américain dans ce secteur, tant par le nombre de ses jardins communautaires que par des projets innovateurs comme la ferme Lufa, qui cultive des légumes sur le toit d'une bâtisse commerciale.

Mais il y a fort à faire pour contribuer à l'essor de l'agriculture urbaine.

« En plantant des arbres fruitiers sur le domaine public, on obtient une meilleure utilisation de l'espace public, tout en produisant des ressources alimentaires pour la communauté, affirme le rapport. Il s'agit donc de favoriser les aménagements de type 'forêt nourricière' avec des arbres, des arbustes et des plantes comestibles. Le réaménagement des 'ruelles vertes' au coeur des milieux de vie offre aussi une opportunité intéressante pour intégrer des espèces qui peuvent produire suffisamment de fruits et noix pour plusieurs familles. »

La commission recommande aussi à la Ville « d'évaluer la possibilité d'introduire un nouvel usage 'agriculture urbaine' dans la règlementation d'urbanisme ».

Mais les conclusions sont plus mitigées quant au retour de l'élevage en ville, interdit depuis 1966, mais pratiqué clandestinement.

« Plusieurs citoyens ont indiqué qu'ils possédaient un poulailler dans leur cour, note le rapport. Ils ont défendu leur choix par l'avantage d'avoir des oeufs frais, de bonifier leur compost, d'instaurer un cycle de permaculture complet et de créer un lien social avec les voisins. »

« Cependant, plusieurs participants, sans s'opposer à l'élevage urbain, ont appelé à la prudence. La Direction de la santé publique de Montréal, notamment, juge que ''l'élevage en milieu urbain est associé à des risques pour la santé et implique la gestion de ces risques'' ».

« La Ville doit préciser si elle souhaite répondre à l'appel de citoyens et autoriser dorénavant l'élevage de poules ou d'autres petits animaux sur l'ensemble de son territoire », conclut le rapport.