L'annulation dans la controverse, en 2009, du plus important contrat de la Ville de Montréal, celui des compteurs d'eau, ne semble pas avoir suffi. Un exemple de «partage des contrats» dans ce domaine entre deux entreprises, Construction Frank Catania et Louisbourg, a été déterré par Projet Montréal.

Révélé lundi au conseil municipal par le chef du parti de la deuxième opposition, Richard Bergeron, le scénario concerne la réfection de deux usines de production d'eau potable, Atwater et Pierrefonds. De 2008 à 2012, les deux entreprises, propriété des hommes d'affaires Paolo Catania et Tony Accurso, ne se sont pratiquement pas affrontées pour obtenir ces lucratifs contrats. Résultat: Catania a gagné 90% des contrats pour l'usine Pierrefonds, pour un total de 58 millions. Accurso, lui, a eu droit à 52% des contrats de l'usine Atwater, pour une somme de 75 millions.

Ce schéma est «clairement un autre exemple de partage des contrats», a déclaré Richard Bergeron au conseil municipal. Il estime que cette concentration des contrats entre deux entreprises qui ont évité de soumissionner l'une contre l'autre devrait «faire sonner l'alarme à l'hôtel de ville».

Analyse historique

Richard Deschamps, responsable du développement économique au comité exécutif, a accusé le chef de Projet Montréal de viser «tout ce qui porte un nom finissant en "o", "a" ou "i"». Il a d'ailleurs répété l'argumentaire de l'administration Tremblay à ce sujet: «De par le cadre légal actuel, nous devons octroyer le contrat au plus bas soumissionnaire conforme. On ne peut pas déterminer la qualité des travaux seulement sur la base des noms de personnes qui détiennent les entreprises.»

Il a cependant confirmé que le comité exécutif a demandé la semaine dernière aux fonctionnaires une analyse historique des contrats. Le chef de Projet Montréal venait de lui reprocher d'analyser les contrats au «cas par cas».

M. Deschamps a rappelé que la Ville a maintes fois demandé à Québec de «resserrer» la loi visant à combattre les pratiques frauduleuses dans l'industrie de la construction, «pour faire en sorte que les gens respectent l'esprit et la lettre de la loi». «Si le marché est contrôlé, on ne contrôle pas le marché», a-t-il convenu.

***

Le maire espère «bonifier Turcot»

Le gouvernement Marois aurait l'«entière collaboration» du maire Gérald Tremblay si des modifications à la reconstruction de l'échangeur Turcot étaient sur la table. Au conseil, le maire a indiqué avoir donné «un mandat très clair» à ses fonctionnaires pour «rencontrer le ministère des Transports du Québec afin de bonifier le projet» et d'en faire «un projet du XXIe siècle».

Malgré les questions répétées de l'opposition, il a toutefois refusé de donner des exemples concrets de ces améliorations souhaitées. Il a tout au plus rappelé qu'il s'agissait d'un «dossier très avancé où il y a des préoccupations de sécurité».

La chef de l'opposition, Louise Harel, lui avait demandé de prendre les devants «avant que l'irréparable soit commis». Les deux partis de l'opposition signalent notamment le manque d'infrastructures en matière de transports collectifs dans le projet Turcot adopté par le gouvernement Charest à l'automne 2010. 

***

«Espion» promu au SPVM: une décision «administrative»

La promotion de Michel Nantel, fonctionnaire au coeur du scandale de l'espionnage à l'hôtel de ville, qui a été nommé au début du mois de septembre responsable de la sécurité informatique au Service de police de la Ville de Montréal, «est une décision essentiellement administrative», a affirmé le maire Gérald Tremblay. Interpellé par le conseiller de Projet Montréal Alex Norris, qui voyait dans cette nomination une «récompense» pour M. Nantel, le maire a expliqué qu'il avait plutôt remporté «un concours en bonne et due forme». «On n'a pas eu quelque intervention que ce soit. C'est une personne compétente, qui a suivi les instructions. Elle a postulé pour un poste à la police de Montréal. J'étais très satisfait du processus et content de l'embauche.»