Confrontée à un trou financier de 190 millions l'an prochain, la Ville de Montréal prévoit aller chercher 15 millions de plus en contraventions, 17 millions du côté des régimes de retraite et imposera un régime minceur de 30 millions supplémentaires à ses propres services.

Elle versera en outre 10 millions supplémentaires à la Société de transport de Montréal. Selon ses projections financières, la STM devra aller chercher 32 millions de plus l'an prochain,  notamment par des réductions de coûts et des hausses de tarifs.

Ces précisions ont été apportées hier par le président du comité exécutif, Michael Applebaum, qui a présenté un avant-goût du budget 2013 à l'hôtel de ville. Comme La Presse l'avait annoncé cette semaine, la hausse du fardeau fiscal des Montréalais sera de 3,4%, soit 119$ pour le propriétaire d'une maison moyenne évaluée à 345 000$. Près du tiers de la hausse, soit 1,2%, servira à financer le fonds de l'eau instauré en 2003, réservé à la réfection des infrastructures d'aqueducs et d'égouts.

Les dépenses sont en hausse de 3,8%, soit 180 millions, pour s'établir à 4,9 milliards. Les régimes de retraite continuent d'engouffrer une part respectable du budget de la Ville, qui prévoit payer 474 millions l'an prochain, dont 353 millions pour résorber le déficit actuariel. La bonne nouvelle dans ce domaine, c'est que le montant est sensiblement le même qu'en 2012, de sorte qu'on n'a pas eu à hausser le fardeau fiscal.

Hausse de tarifs en vue

L'administration Tremblay a en outre dû composer avec l'éternel casse-tête des finances publiques, des revenus qui croissent moins vite que les dépenses. Pour 2013, l'écart est de 190 millions, qu'on tentera de combler par différentes «stratégies». Le versement de 10 millions à la STM est un des exemples donnés dans les documents de présentation.  La STM tentera dans les prochains mois d'aller chercher 32 millions de plus «par diverses stratégies, entre autres travailler ses réductions de coûts», a expliqué à la commission, Robert Lamontagne, directeur du Service des finances. La société de transport devra vraisemblablement hausser ses tarifs, estime le haut fonctionnaire, au même titre que la Ville a haussé les impôts fonciers.

Les arrondissements auront droit quant à eux à 41 millions de plus, dans le cadre d'un nouveau mode de financement mis sur pied par l'administration Tremblay.

Ce nouveau partage, qui permettra aux arrondissements de toucher 5 cents par 100$ d'évaluation sur leur territoire en 2013, est «une révolution», a déclaré M. Applebaum. Un mécanisme de péréquation de 11,8 millions a également été mis en place pour les 12 arrondissements sur 19 considérés comme «sous-dotés».

«C'est un budget responsable, qui respecte la capacité de payer des contribuables, estime le président du comité exécutif. Il faut continuer d'investir dans l'eau, sinon on va continuer à avoir des fuites. Et des réparations d'urgence, ça coûte plus cher.»

«Camouflage» et taxes locales

L'opposition officielle, par la voix de sa porte-parole Véronique Fournier, s'est dite «inquiète» de voir les arrondissements imposer des taxes locales tous azimuts. «L'immense danger, c'est que la Ville dise aux arrondissements: 'Si vous manquez d'argent, taxez localement.'» Peter McQueen, de Projet Montréal, note quant à lui qu'il s'agit d'une quatrième hausse consécutive - la facture des citoyens a augmenté de 16,7% depuis la réélection du maire Tremblay en 2009. «Cette année, ils font du camouflage en parlant du fonds de l'eau. La Ville devrait plutôt mieux contrôler ses dépenses et couper dans certaines extravagances.»