L'Agence métropolitaine de transport (AMT) demande 27 millions de dollars au gouvernement du Québec pour réaliser les études nécessaires à la mise au point d'un «nouveau système de transport», aménagé sur le futur pont Champlain, entre la Rive-Sud et Montréal.

Même si l'inauguration du futur pont n'est prévue qu'en 2021, l'AMT estime que le gouvernement du Québec doit se positionner le plus rapidement possible sur le type d'infrastructures de transports collectifs à implanter sur le nouveau pont, qui sera construit sous la direction de Transports Canada.

Dans une entrevue à La Presse, les dirigeants de l'agence n'ont pas fait mystère de leur préférence pour un mode de transport dit lourd comme un système léger sur rail (SLR), un train ou un métro de surface, en raison des hausses de clientèle qui pourraient atteindre 75%, dans ce corridor.

«Actuellement, affirme le vice-président au développement de l'AMT, Michel Veilleux, on a environ 20 000 personnes à l'heure de pointe du matin qui utilisent la voie réservée aux autobus du pont Champlain.»

«Les prévisions indiquent que ce nombre pourrait augmenter jusqu'à 35 000 personnes le matin, ajoute-t-il. Alors, quel mode de transport est le plus approprié pour répondre à cela, compte tenu de l'opportunité que représente la construction d'un nouveau pont?»

M. Veilleux s'est bien gardé de répondre, tout en indiquant que l'AMT est en train de mettre à jour les études réalisées au début des années 2000 sur la faisabilité d'un train de type SLR, qui aurait traversé le fleuve en utilisant l'estacade du pont Champlain. Le projet était estimé à 1 milliard (en dollars de 2003).

La Rive-Sud au grand complet réclame depuis plus de 10 ans la réalisation de ce projet de SLR, qui n'a toutefois pas évolué depuis le dépôt de ces études, en 2007. Le SLR remplacerait le système actuel de voies réservées sur le pont Champlain, où circulent matin et soir plus de 400 autobus.

«Ce pourrait aussi être un mode plus lourd que le SLR», suggère le vice-président aux communications de l'AMT, Pierre-Luc Paquette.

«Ou un métro de surface, enchaîne Michel Veilleux. On ne veut pas s'enfermer dans un projet particulier; on ne veut pas lancer une religion avec un mode. On veut proposer le mode le plus approprié. Et on veut le faire le plus rapidement possible.»

Entre-temps, précise M. Veilleux, «nous avons aussi à faire une démonstration hors de tout doute que le système de transport par autobus a atteint son maximum.»

Point critique

Ce système, établi «temporairement» à la fin des années 70, ne coûte pas cher à exploiter et fonctionne relativement bien quand il ne vente pas trop fort ou qu'il n'y a pas trop de neige. Le balisage de la voie réservée à l'aide de cônes orange devient alors impraticable.

Le système atteint toutefois un point critique depuis cinq ans. Car après avoir franchi le pont, le matin, en direction de Montréal, la majorité des 400 autobus qui arrive de la Rive-Sud doivent emprunter l'autoroute Bonaventure en direction du centre-ville et du terminus situé sous l'immeuble du 1000, rue de la Gauchetière. Ils font le trajet en sens inverse à l'heure de pointe du soir.

Or, ce terminus est saturé et ne peut accueillir plus d'autobus. La construction d'un second terminus d'autobus est estimée à plus de 200 millions de dollars.

De plus, comme la Ville de Montréal projette de transformer une portion de l'autoroute Bonaventure en boulevard urbain, la majorité des autobus de la Rive-Sud seront détournés de leur itinéraire actuel vers un corridor réservé qui traverse un secteur habité du quartier Griffintown. Le coût du projet «Corridor Dalhousie» est estimé à plus de 120 millions.

Une décision pressante

Ces facteurs font partie des éléments sous analyse à l'AMT, dit M. Veilleux, qui insiste sur la nécessité d'avancer la réflexion au plus vite sur le «nouveau système de transport» de la Rive-Sud.

«Ça a l'air d'une date lointaine, mais en termes de planification pour un projet de cette envergure, 2021, c'est comme demain matin. C'est pour ça qu'il faut proposer rapidement le type de projets qu'on souhaite obtenir, afin d'influencer le gouvernement fédéral dans ses choix de conception» alors que le design du pont n'est encore qu'au stade préliminaire.