Les cols bleus «n'ont plus confiance» en l'administration du Plateau-Mont-Royal et dénoncent une situation qui «ne cesse de se dégrader».

«Rien ne va plus, affirme le président des cols bleus, Michel Parent, dans une lettre virulente envoyée le 6 juin dernier au maire Luc Ferrandez. Les cols bleus constatent des reculs tant dans leurs conditions de travail au quotidien qu'au niveau de l'environnement de travail qui est de plus en plus malsain. Vous n'avez plus notre confiance.»

Initialement, le président des cols bleus avait envoyé cette lettre pour dénoncer les «déclarations diffamatoires et sensationnalistes» du maire, dans une chronique publiée dans La Presse deux jours auparavant. M. Ferrandez avait expliqué sa décision de recourir à des sans-abri pour nettoyer les rues par le fait que les cols bleus «n'aiment pas ça, parce que ça leur fait mal au dos».

«Je condamne avec force vos propos qui démontrent un profond mépris envers les employés cols bleus que je représente», écrit Michel Parent. Mais il ne se contente pas de s'indigner de cette déclaration du maire. Il descend en flammes une grande partie des réalisations de l'administration Ferrandez, qu'il décrit comme «davantage préoccupé par [son] image publique [...] que par les services à offrir à la population».

Bande à part

Le président des cols bleus met ainsi en doute l'efficacité des compressions budgétaires imposées depuis 2010. Plutôt que d'abolir le chargement de la neige les fins de semaine et des quarts de travail, «il [...] suffirait de couper quelques postes d'attachés politiques et de chargés de communication pour dégager les marges de manoeuvre requises», estime M. Parent.

À l'extérieur du Plateau, affirme-t-il, les cols bleus s'entendent bien avec les élus, et multiplient les partenariats et les mesures pour accroître la productivité. Cette bonne entente améliore les services aux citoyens, selon lui. «Le Plateau fait bande à part à tous les points de vue et ce sont les cols bleus et, en bout de ligne, la population du Plateau qui en paient le prix», analyse-t-il.

Le syndicat était pourtant «fier», note-t-il, que l'arrondissement ait été le premier en mai 2011 à signer une entente locale, qui venait compléter la convention collective négociée avec la ville centre l'automne précédent. Depuis, déplore-t-il, les actions de l'administration contribuent «à détruire [la] motivation» des 306 travailleurs manuels de l'arrondissement.

Seulement deux attachés

À l'arrondissement du Plateau, on explique que cette lettre a été rédigée en réaction à des «propos cités hors contexte». «Leur indignation devant ces propos était légitime, mais non fondée, explique la porte-parole Catherine Maurice. Les discussions ont repris depuis.» Après une rencontre initiale avec le directeur syndical de l'arrondissement, une rencontre entre le maire et M. Parent est prévue «dans les prochains jours».

Mme Maurice estime par ailleurs qu'il est faux de prétendre que l'argent est gaspillé pour le soutien aux élus ou pour entretenir l'image du maire. «Seulement deux attachés politiques travaillent au service des sept élus du Plateau-Mont-Royal. Depuis la fin de 2011, plus aucune adjointe administrative ne travaille au cabinet des élus du Plateau-Mont-Royal. M. Ferrandez s'est assuré, depuis la réception de la lettre, que les cols bleus connaissent cette situation de fait.»

Si elle reconnaît que certains «ajustements» sont nécessaires dans l'organisation du travail, elle assure que les discussions avec le syndicat vont bon train. «M. Ferrandez et le syndicat ont convenu de s'asseoir ensemble afin de discuter et négocier des ajustements concernant certaines mesures qui ont eu un impact sur le travail des cols bleus.»

Il n'a pas été possible de parler au président du syndicat des cols bleus.