La Ville de Montréal a découvert qu'elle a payé pour des travaux jamais commandés après avoir reçu une poursuite d'un entrepreneur... qui cherchait à se faire payer des «extras». L'administration municipale tente maintenant de se faire rembourser 120 000$ de Mivela Construction.

En avril 2008, Montréal débloque plus de 12 millions pour refaire une beauté à plusieurs trottoirs. L'entreprise Mivela Construction a obtenu le gros de ces mandats, en remportant 4 des 11 appels d'offres, pour une valeur de 6,6 millions.

À la fin d'un de ces contrats, l'entrepreneur a envoyé une facture de 131 000$ en extras pour des travaux supplémentaires qu'il a réalisés. La Ville a accepté de payer seulement les deux tiers de la facture. Insatisfaite, Mivela a intenté une poursuite contre Montréal en juillet 2011 pour se faire payer le solde.

La suite a de quoi surprendre. La Ville dit avoir appris dans la poursuite que les extras réclamés par l'entrepreneur ne touchaient en rien la «reconstruction de trottoirs et de bordures de rue» que prévoyait son contrat. La réclamation de l'entrepreneur touche plutôt la réfection d'un puisard du boulevard des Trinitaires, en mai 2010.

Montréal réclame donc le remboursement de son paiement en extras, car elle dit n'avoir jamais commandé à l'entrepreneur de refaire le puisard en question.

L'histoire ne s'arrête pas là. Lors des interrogatoires, Montréal a également découvert qu'un autre puisard avait été construit à même les deniers qui devaient pourtant servir exclusivement à refaire des trottoirs. Montréal estime qu'elle est justifiée de se faire rembourser une somme de 120 000$. Le contrat «ne portait pas sur la construction et le raccordement de puisards. L'entrepreneur devait obligatoirement obtenir les autorisations auprès des autorités compétentes avant d'effectuer des travaux supplémentaires, ce qu'il n'a pas fait ou cherché à faire», dit Gonzalo Nunez, porte-parole de la Ville.

Problème d'extras

«Les extras, il y a des exagérations depuis longtemps», constate Jean Sexton, professeur associé à la retraite de l'Université Laval. L'homme, qui a participé à trois commissions d'enquête sur l'industrie de la construction en 46 ans de carrière, estime que «quelqu'un à la Ville n'a pas fait son travail. Ça peut être un manque de surveillance, ça peut avoir été fait à l'initiative de l'entrepreneur, comme ça peut être un mélange des deux».

Ce n'est pas le seul litige de Montréal avec Mivela portant sur des extras. L'entrepreneur a intenté une autre poursuite de 182 000$ en juillet 2011 contre la Ville pour couvrir des travaux supplémentaires réalisés lors de l'aménagement d'une piste cyclable. L'administration municipale refuse de payer, car elle estime que ceux-ci ont été autorisés sans son consentement par un ingénieur de Dessau.

Mivela remporte fréquemment des appels d'offres de la Ville de Montréal. L'entreprise a décroché pour 6,6 millions de contrats l'an dernier. Avant le resserrement des règles dans l'attribution des contrats en 2010, l'entreprise obtenait en moyenne pour 15 millions par année en mandats.

Nous avons tenté, sans succès, de joindre le président de Mivela Construction, Alfonso Polizzi. Celui-ci a pris la relève de Nicolo Milioto en janvier dernier.