Une soixantaine d'exterminateurs sont intervenus plus de 2800 fois depuis la création l'an dernier du registre des punaises à Montréal, selon le bilan dévoilé aujourd'hui par la Ville. Le phénomène semble par ailleurs s'être stabilisé, indique le plus récent sondage mené par la Direction de la santé publique: 2,8% des ménages, soit 23 000 logements, ont déclaré avoir été infestés en 2011. Il s'agit sensiblement du même nombre que l'année précédente.

«Le travail n'est pas terminé, c'est un «work in progress», une lutte de tous les jours, a commenté Gilles Deguire, responsable au comité exécutif de l'habitation et du logement social. Nous pensons être sur la bonne voie.»

Concertation et sacs en plastique

La principale mesure dont s'enorgueillit M. Deguire est la mise sur pied d'un comité coordonnateur, qui a tenu quatre rencontres au cours de l'année et qui regroupe la plupart des intervenants concernés. De la Ville aux arrondissements en passant par les comités de logements, les associations de propriétaires, Santé Canada et les gestionnaires de parasites, «un énorme travail de concertation a été effectué», dit le responsable au comité exécutif.

La Ville a par ailleurs distribué 2000 sacs en plastique dans les bureaux d'Accès Montréal, disponible pour tout citoyen qui voudrait se débarrasser de ses meubles contaminés. Des formations auprès des responsables en santé et des inspecteurs municipaux, ainsi qu'aux élus, ont été dispensées.

Enfin, un projet pilote d'intervention permet d'accompagner les locataires et les propriétaires afin de s'assurer de l'efficacité des méthodes d'extermination, surtout dans la préparation du logement.

«Transfert de connaissances»

Pour le Dr Louis Drouin, de la DSP de l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, la situation montréalaise est «sous contrôle», encore loin des taux élevés d'infestation de métropoles comme New York, avec 6,7%.

«Depuis un an, ce qu'on a fait, c'est du transfert de connaissance, explique le Dr Drouin. Il y a un an, les gens ne connaissaient pas grand-chose aux punaises de lit.»

Dans le sondage Omnibus mené pour le compte de la DSP en avril dernier, on apprend par ailleurs 78% des Montréalais ont déjà entendu parler de ces insectes. 65% pouvaient par ailleurs reconnaître les symptômes d'une infestation -démangeaison ou piqûres.

«Moins bonne nouvelle», selon le Dr Drouin, à peine 13% savaient qu'il faut éviter de rapporter les meubles usagés dans son logement, une des causes majeures d'infestation. «Ne ramenez pas les matelas dans votre domicile, laissez-le à la rue», exhorte le responsable de la DSP.

Quant au registre des punaises de lit, officiellement appelé «observatoire centralisé», on a peu de détails sur les interventions qui y ont été consignées. Elles peuvent porter sur «un ou dix logements», a noté M. Deguire, mais pas question de déterminer quels quartiers ou arrondissements ont été les plus touchés. «Nous ne voulons pas stigmatiser un quartier ou une adresse en particulier», a expliqué l'élu, qui est maire de l'arrondissement de Montréal-Nord. Des données plus complètes pourraient être disponibles «d'ici un an».

Ce bilan a été bien accueilli par le porte-parole de Projet Montréal, Carl Boileau, un ancien exterminateur. «Je suis impressionné par la prise de responsabilité de la Ville. Force est de constater que le groupe d'experts mis sur pied transmet bien l'information. On est prêt à passer à un autre niveau.»