Gérald Tremblay en a assez des sorties de Jacques Duchesneau contre lui. Le maire de Montréal demande à l'ancien policier de s'excuser d'avoir déclaré à un journaliste qu'il «peut aller en enfer».

L'ancien directeur de l'Unité anticollusion a été particulièrement virulent contre le maire dans une entrevue au quotidien montréalais The Gazette, publiée hier matin. Jacques Duchesneau y déplorait le fait que Gérald Tremblay nie qu'il l'avait mis en garde contre des membres de son entourage lors d'une rencontre en juillet 2009, comme l'a prétendu l'ancien policier dans certaines entrevues aux médias.

«Achèteriez-vous un vélo usagé de lui? Moi, je ne le ferais pas. Il peut dire ce qu'il veut, mais je sais ce que j'ai dit et il sait ce que j'ai dit. Il dit qu'il ne se rappelle de rien, mais se rappelle qu'on n'en a pas parlé. Il peut aller en enfer, en ce qui me concerne. Et vous l'appelez un maire?»

La réaction de Gérald Tremblay n'a pas tardé. Il a diffusé un communiqué en matinée dans lequel il demande à l'ancien policier de se rétracter. «Les attaques de Jacques Duchesneau son inacceptables et surtout indignes d'un ancien chef de police, ex-candidat à la mairie et ancien directeur de l'Unité anticollusion. C'est pourquoi je lui demande de s'excuser.»

Mardi, Gérald Tremblay avait assuré que «si on m'avait mis en garde contre des personnes de mon entourage, j'aurais agi». Le maire invite maintenant l'ancien policier à dévoiler le nom de ceux contre qui il l'aurait mis en garde. Il ajoute que Jacques Duchesneau aurait dû profiter de l'immunité de la commission Charbonneau pour le faire. L'entourage du maire n'a pas voulu préciser s'il envisageait intenter une poursuite en diffamation contre l'ancien policier.

À Québec, le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, estime que Gérald Tremblay est une victime de Jacques Duchesneau. «Si vous êtes la personne concernée (M. Tremblay), et que vous n'avez rien à vous reprocher comme ce qu'il semble dire, il peut se considérer comme une personne à qui (M. Duchesneau) porte atteinte», a-t-il soutenu.

Comme M. Duchesneau a interpellé directement M. Tremblay lors de son témoignage devant la commission, le maire « est en droit » de lui répliquer selon lui. Le ministre n'a pas voulu en dire plus sur le conflit entre les deux hommes. «Ils peuvent régler ça entre grands garçons», a-t-il dit.

Laurent Lessard reproche à l'ex-patron de l'Unité anticollusion de ne pas avoir donné de noms lors de son témoignage. «Quand tu vas en commission, si tu as de quoi à dire, tu le dis. Si tu ne le dis pas là, tu vas le dire où, honnêtement... Tu ne peux pas faire plus que ça, avoir une commission, l'immunité, tous les droits... Là, sincèrement, on veut savoir. Je fais partie des Québécois qui veulent le savoir. S'il a fait enquête et qu'il a tous les noms, qu'il les donne!» a-t-il lancé.

Selon lui, Jacques Duchesneau a en bonne partie répété ce qu'il avait dit en commission parlementaire, l'automne dernier. «On est resté un peu en appétit», a-t-il lâché.

Duchesneau pas questionné

Mais voilà, l'ancien directeur de l'UAC n'a jamais été questionné sur cette rencontre avec le maire Tremblay de juillet 2009, lors de son témoignage. D'ailleurs, l'avocate de la Ville de Montréal, Me Paule Biron, n'a posé aucune question à Jacques Duchesneau durant ses 6 jours d'audiences.

L'avocat du gouvernement, Me Benoît Boucher, n'a pas cru bon lui non plus lui poser de question sur le «rapport bénévole» de Duchesnerau sur le financement occulte des partis politiques. Celui-ci s'était plutôt attardé aux débuts de l'Unité anticollusion durant son contre-interrogatoire. Questionné sur l'«argent sale» servant à financer les partis politiques qu'a dénoncé Jacques Duchesneau, Gérald Tremblay a assuré mardi que son parti n'avait rien à se reprocher.

«Notre formation politique a subi plusieurs vérifications en 11 ans et il n'y a jamais eu de plainte contre Union Montréal», a tenu à souligner le maire. Jacques Duchesneau a travaillé au SPVM de 1968 à 1998. Il en a été le directeur pendant cinq ans.

De février 2010 à octobre 2011, il a été à la tête de l'Unité anticollusion, dont le mandat était de scruter les contrats du ministère des Transports. Il s'est également présenté à la mairie de Montréal en 1998, mais c'est Pierre Bourque qui avait alors été élu.

-Avec la collaboration de Tommy Chouinard